
Comment frappe-t-on une monnaie en haut relief ?
- juin 17, 2019
- par
- Olivier



Généralités – Tout d’abord, la fabrication de tous types de monnaie commence par la préparation des flans qui sont découpés dans une bobine de métal par une presse et recuits dans des fours pour retrouver de la malléabilité en vue de la frappe. L’éventuel ajout d’une couche superficielle d’un autre métal ou alliage est effectué dans des cuves à électrolyse. La vérification des flans est assurée par le biais d’une caméra qui distingue les exemplaires défectueux.
La frappe d’une pièce consiste à transmettre le relief des poinçons de la matrice sur les flancs vierges. Ceci se fait avec une pression qui peut atteindre plusieurs centaines de tonnes par centimètre carré. Le nombre de frappes et la pression varient selon le métal choisi et l’effet souhaité. La technique utilisée pour frapper les flans, varie selon la qualité souhaitée. Pour les pièces de la plus haute qualité (« Belle Epreuve »), les flancs sont déposés et retirés manuellement, pièce par pièce. Les monnaies avec des tirages plus importants, sont produites de manière automatisée de façon quasi intégrale. Leur qualité de finition est donc moindre. Et pour finir, il y a les frappes en haut-relief BE réservées pour des tirages spéciaux.
Ensuite la frappe des monnaies est réalisée par des presses pouvant porter jusqu’à 800 coups par minute et plusieurs centaines de tonnes de pression. Les opérations de comptage des flans sont réalisées par des machines. Mais le rôle de l’homme, artisan-artiste, conserve toute son importance dans les phases de conception et de gravure des coins. Elles bénéficient néanmoins des apports technologiques de l’optique de précision et surtout de l’informatique, puisque les projets d’empreintes sont réalisés avec l’assistance de logiciels 3D.
La frappe en haut relief
Cette technique permet de frapper les monnaies avec un relief augmenté, mettant en valeur un personnage ou un élément d’architecture. Le relief obtenu est de 1,5 mm contre 0,15 mm de hauteur maximum habituellement utilisée pour les pièces classiques. Comme modèle et pour illustrer notre article, nous avons profité de la frappe des pièces « La Joconde » frappées au mois de mai.
Première étape – La Pré-frappe
Les flans utilisés pour les pièces à haut-relief son nettement plus épais que ceux des pièces classiques. La première pré-frappe se fait avec une force exercée par la presse de 400 tonnes. Pour vous donner une échelle, la frappe d’une pièce courante de 2 euros par exemple, se fait avec une pression située entre 80 et 110 tonnes. Le métal ayant était fortement écrasé, le tournage de la pièce est nécessaire pour la remettre au diamètre de la virole.
Résultat de la pré-frappe après remise au diamètre
Entre chaque passe, il est nécessaire d’appliquer des traitements thermiques aux futures monnaies, pour leur rendre leur malléabilité d’origine. Ainsi, après chaque frappe, les monnaies doivent être «recuites» pendant près de 8 heures dans des fours spécifiques appelés «fours à recuit» ! A l’issue de chaque recuit, les monnaies sont plongées dans des bains d’eaux fortes pour les débarrasser de toute impureté.
Deuxième étape – La frappe
Le monayeur dépose les flancs et les retire manuellement, pièce par pièce. Le positionnement sur la matrice se fait à l’oeil selon un certain axe.
La dernière frappe de notre pièce en haut relief consiste en 2 coups successifs avec une pression de 150 tonnes chacun.
Monnaie de 20 € La Joconde en argent 999 ‰ BE – Haut-relief
Caractéristiques
Ø 37 mm
31,104 g
3 000 exemplaires
85€
Merci à Stéphane Tapia, monnayeur à La Monnaie de Paris (au 2ème plan sur la photo) pour les précisions qu’il nous a donné sur la fabrication des monnaies. Il frappe spécialement les collections en or et argent ainsi que certaines pièces de 2 euros commémoratives.
Sources : La Monnaie de Paris, Stéphane Tapia monayeur, NUMISMAG©