La Monnaie de Paris, qui avait projeté de dévoiler les nouvelles pièces de 10, 20 et 50 centimes à Bercy au début du mois de décembre, a frappé 27 millions d’unités, mais celles-ci ont été retoquées par la Commission européenne.

Anatomie d’une bévue

Suite à cela, la Monnaie de Paris a retravaillé le design des pièces de 10, 20 et 50 centimes. Son Président-directeur général, Marc Schwartz, semblait désireux de mettre en avant son établissement en présentant ces nouvelles pièces flambant neuves au ministère de l’Économie le 7 décembre. En vue de cette réunion, il a ainsi incité ses ouvriers à produire un stock de pièces suffisant, soit 27 millions, avec le nouveau design.

Cependant, un problème est survenu : la validation de la Commission européenne a pris du retard, bien qu’elle soit obligatoire pour approuver le choix du design. Tout était donc prêt pour la présentation à Bercy (avec rendez-vous fixé et invitations envoyées), mais la Monnaie de Paris n’a pas patienté l’aval de Bruxelles ni le retour de la Direction générale des affaires économiques et financières. C’est cette dernière qui approuve la monnaie et les billets européens. À quelques jours seulement de la présentation, le 1er décembre, l’Europe a refusé le nouveau design ! Résultat : une erreur coûteuse pour la Monnaie de Paris.

La perte estimée s’élève à entre 700 000 et 1,2 million d’euros. Cette perte est due au fait que les étoiles symbolisant le continent européen sur les pièces n’étaient pas suffisamment visibles, ce qui a été perçu comme une offense par la Commission européenne. Cet incident représente un sérieux revers pour la Monnaie de Paris.

Selon nos informations, toutes les pièces ont dû être refondues, le métal recyclé, et 27 millions de nouvelles pièces ont due être refrappé. La destruction des pièces non conformes devrait coûter entre 700 000 et 1,2 million d’euros. Interrogé par nos confrères de la Lettre, Marc Schwartz a décliné la responsabilité envers « l’État français » et a évoqué un report indépendant de sa volonté.

Le ministère de l’Économie a annoncé l’ouverture d’une enquête pour clarifier les circonstances de cet incident. Cette mésaventure n’aura pas de répercussions directes sur le contribuable, mais elle impactera les résultats financiers de l’entreprise, qui s’approchaient des 5 millions d’euros en 2022. Il convient de noter que la production annuelle de pièces par la Monnaie de Paris s’élève à 20,4 milliards, et que le nombre de pièces invalidées ne représente que 2% de ce volume, selon une source proche de l’établissement.

A la décharge de la monnaie de Paris

On pourrait s’étonner tout de même de la réaction de l’UE, car si on prend le dessin des pièces actuelles, les étoiles sont positionnées de la même manière avec les stries en fond, comme sur les nouvelles pièces, première version (voir illustration ci-dessous). Mais les étoiles semblent un peu plus petites et les stries plus rapprochées, sur le nouveau projet.

Fallait-il donc pour autant en arriver à détruire les 27 millions de pièces fabriquées, juste pour une question d’étoiles soi-disant pas assez visible. Il aurait été plus judicieux de les mettre en service et par la suite de modifier le dessin pour la réaliser au tirage suivant… quel gâchis!

Nouvelles 10, 20 et 50 centimes France – Comparatif des 2 versions

Le nouveau design (à gauche et l’ancien refusé par l’Europe à droite)
En plus de l’amélioration de la visibilité des étoiles de l’Union européenne, il est également à noter que les positions des visages des personnalités ainsi que celle de Marianne ont été légèrement modifiées.