Le billet du jour – Un 100 francs Merson de 1918

Je vous présente un billet qui me tient particulièrement à coeur. Il est lié au centenaire de l’armistice. Lorsque j’avais 15 ans, ma grand-mère me présenta plusieurs billets de banque anciens qu’elle avait gardée. Il y avait d’abord un billet de 100 francs Bonaparte de 1963, puis elle présenta 7 billets qui, pour elle, étaient des dollars. Une fois en main, je constatais qu’il y avait bien un billet de 5 dollars de 1934, mais les 6 autres billets étaient en fait des billets en francs des forces américaines de 1944. Puis, elle me montra 2 autres billets qu’elle avait gardés de ses parents. Il y avait un 1000 fr Cérès et Mercure de 1939 et un 100 francs Merson. Ce dernier billet avait été gardé par son père qui avait fait la guerre de 14-18 dans le 95ème régiment d’infanterie. Il avait gardé ce billet en souvenir de l’armistice parce qu’il était daté du 11 novembre 1918.

C’est à partir de ce jour que j’ai commencé à m’intéresser aux billets de banque anciens, avant de devenir collectionneur.

OOO

100 francs Merson du 11 novembre 1918
100 francs Merson, type 1906, modifié 1910, adapté 1917 

oooo

A partir de l’alphabet 4001 autorisé le 2 novembre 1917, mais daté du 26 avril 1917 en raison d’un fort accroissement de la production liée à la guerre, la Banque de France ajouta un neuvième chiffre au numéro de contrôle.

Au recto, tous les éléments du décor sont reliés à une stèle centrale où sont répertoriées toutes les informations propres au billet.

Les personnages se déclinent sur ce billet autour de la stèle centrale. Deux femmes sont représentées : l’une symbolisant l’Agriculture, et l’autre symbolisant le Commerce. Chaque femme a un enfant nu près d’elle. Les tons dominants sont le bleu, le jaune-orangé et le gris. Le filigrane représente deux têtes de profils, en premier Mercure puis Cérès. Ses dimensions sont de 182 mm x 112 mm.

OOO

OOO

Au verso, on peut voir trois personnages : à gauche, un forgeron assis représente le Travail, et à droite une femme symbolise la Fortune et porte une corne d’abondance remplie de fruits, avec à côté d’elle, un enfant couvrant sa nudité par une couronne de feuilles tressées.

Le peintre Luc-Olivier Merson exécuta les dessins tandis que Romagnol réalisa la gravure et le Frédéric Florian, le filigrane. Le style de ce billet français se rattache au courant classique, alors sur le déclin.

Petit rappel historique du 100 francs MERSON type 1906

Le 100 francs Luc Olivier Merson a été créé le 2 janvier 1908, puis mis en circulation à partir du 3 janvier 1910 par la Banque de France, à la place du 100 francs bleu et rose. Il sera remplacé par le 100 francs Sully en 1939.

Il fût le premier billet polychrome émis en France, mais le second fabriqué. En effet, la Banque de France avait déjà conçu et fabriqué le 1 000 francs Flameng en 1897. Ce billet sera gardé en réserve à Bordeaux jusque dans les années 60 avant d’être détruit. Le 100 francs Merson, sévèrement critiqué par une partie de l’opinion, fit une grande carrière avec 1 689 725 000 exemplaires produits. Les millésimes vont de janvier 1908 à septembre 1939 et le billet est retiré de la circulation et privé de son cours légal le 4 juin 1945.

OO

OOO

Luc-Olivier Merson

Né à Paris le 21 mai 1846 et décédé le 13 novembre 1920

Peintre et décorateur célèbre à son époque, Luc-Olivier Merson est, selon ses contemporains, un personnage étrange, brillant et entier. Inspiré par l’antiquité et les primitifs italiens, il s’est créé un monde imaginaire et foisonnant, où ses œuvres subtiles pleines d’érudition étonnent et troublent le regard du spectateur de son époque. Il fût illustrateur de romans pour Victor Hugo, José Maria de Hérédia, graveur de talent, peintre illusionniste. Il mêle toutes les techniques pour créer des décors comme celui de l’Opéra Comique ou de l’Hôtel Gouin à Paris. Son univers artistique est à part et son talent virtuose.

Fils du critique d’art Olivier Merson, également illustrateur et décorateur, Luc-Olivier Merson a bénéficié d’une éducation qui a baigné dans le milieu artistique. Après sa formation dans l’atelier de Pils à l’École des Beaux-Arts de Paris en 1869, il obtient le grand Prix de Rome pour l’œuvre intitulée « Le Soldat de Marathon ». A Rome, il étudie principalement les Primitifs, notamment Raphaël, grand modèle pour toute une génération d’artistes de cette période qui redécouvre la Renaissance. D’un caractère entier, il n’hésita pas à mettre sa carrière en jeu pour défendre ses idées. En 1894, il est nommé  professeur à l’École des Beaux-Arts, puis il démissionne deux ans plus tard pour protester contre ce qu’il estime être un relâchement des études académiques. Inimitable, admiré pour son indépendance et son talent, Merson reste un artiste à part.

Luc-Olivier MERSON dans son atelier, travaillant sur le futur billet 50 francs Merson type 1913
qui deviendra par la suite le type 1927  

Photo de Paul Dornac prise en 1909

OOO

Olivier Bocquet  – NUMISMAG©