Bon de 400 francs du Trésor Impérial 1813 – Remonte de 12600 Chevaux de Trait

Bon de 400 francs du Trésor Impérial 1813 – Remonte de 12600 Chevaux de Trait

Ces bons de 400 frs que l’on rencontre plutôt rarement dans les ventes aux enchères, font partie de ces documents du début du XIX ème siècle pour lesquels peu d’informations sont disponibles notamment sur les raisons de leur création. La recherche dans des fonds d’archives documentaires nous à conduit à redécouvrir les événements qui ont amené à leur émission.

OO

Le contexte historique

À la fin de la funeste année 1812, la Grande Armée sort exsangue de la terrible Retraite de Russie. À l’issue de la bataille de la Bérézina, l’armée française échappe aux forces russes menées par le général Koutouzov. En dépit de très lourdes pertes, elle esquive cependant la manœuvre d’encerclement russe et peut se retirer vers Vilnius et le Duché de Varsovie. Mais la faim, le froid et les épidémies eurent bientôt raison des troupes françaises. En toute hâte, Napoléon regagne Paris, seul, le 5 décembre 1812, laissant le commandement de ce qui reste de la Grande Armée à Joachim Murat. Ce dernier abandonne son commandement, à son tour, au vice-roi d’Italie Eugène de Beauharnais.

 

L’année 1813 sera celle de la reconstitution et réorganisation de la Grande Armée

Pressentant la menace que représente ce cinglant revers et grâce à un «Sénatus-consulte» promulgué dès le 11 janvier 1813, l’Empereur procède à la mobilisation d’un contingent de 350 000 hommes. Avec ces renforts, il réunit en Saxe une armée de 400 000 hommes, composée majoritairement de jeunes conscrits inexpérimentés. Cette armée rejoint les restes de la Grande Armée au printemps, juste à temps pour le début de la campagne d’Allemagne.

Tout au long de l’année 1813, d’autres actes législatifs permirent la levée de conscrits, la mobilisation de réservistes et de Gardes nationaux ou le recrutement de volontaires aux fins de maintenir la pérennité des forces armées impériales en campagne à l’étranger.  Ils assurèrent aussi la défense du territoire national. Les forces armées impériales lutèrent face à un adversaire souvent supérieur en nombre.

 

Reconstitution du cheptel de chevaux

La disparition quasi complète des montures et des attelages envoyés en Russie provoque d’énormes difficultés. Les rapports rédigés entre le 24 décembre 1812 et le 20 février 1813 révèlent la nécessité de rassembler près de 73 000 chevaux de selle et 52 000 chevaux de trait afin de recréer un outil militaire performant. Chiffres énormes puisque les prévisions du 2 octobre 1812 s’établissaient pour la Grande Armée à 4 726 montures seulement !

Quelques mois plus tard, après la retraite de Moscou et devant les difficultés à réunir une telle quantité de chevaux de selle et d’attelages, l’Empereur promulgue un décret réglementant le nombre d’animaux et de voitures selon le grade et la fonction occupée au sein de l’armée impériale. D’autre part, l’entrée en guerre des principaux États européens et les échecs militaires successifs conduisent le régime impérial à développer fortement ses exigences. Au final, en 1813, Napoléon lèvera selon des modalités diverses (achats, dons, réquisitions) 212 671 chevaux, tant en France qu’en Italie, Pologne, Allemagne ou Danemark.

L’Empereur fut soucieux d’acquérir des chevaux, qui sont pour lui véritablement un enjeu stratégique majeur. Pour cela, il s’est efforcé de conserver, de janvier à avril 1813, les territoires prussien, polonais ou allemand, d’une part à cause des possibilités de remonte qu’offrent ces régions, et d’autre part pour y maintenir l’emprise politique française.

 

La Remonte

La remonte se définit comme l’opération destinée à acquérir les chevaux nécessaires aux unités montées, par le biais d’achats ou de réquisitions faisant l’objet d’indemnisations. Le plan de remonte développé par Napoléon de janvier à juin 1813 est tout d’abord un succès incontestable. En revanche, les plans de novembre 1813 et janvier 1814 s’avèrent être des échecs.

 

Le cheval de trait, force de la logistique

Sur les 49 816 chevaux de trait présents à la Grande Armée en juin 1812, l’artillerie en utilise 27 300, soit 55 %, soit 20 750 pour les batteries, 2 550 pour l’équipage de pont et 4 000 pour l’artillerie régimentaire. Les équipages chargés des flux entre les divisions et la base logistique de l’armée (le centre d’opérations) en utilisent seulement 10 500 (21 %). Le reste des attelages (24 %) est dévolu au génie, aux trains régimentaires (artillerie régimentaire exclue) et aux transports divers (documents d’état-major, imprimerie, trésor, etc.).

Durant l’armistice de l’été 1813, alors que la Grande Armée (696 848 hommes au 15 août) cantonne en Saxe, les flux logistiques représentent au total 150 tonnes par jour. La recherche d’un nombre important de chevaux et leur entretien mettent par ailleurs rapidement en évidence les limites des ressources existantes ainsi que la nécessité d’une gestion économique et sanitaire plus rationnelle.

OOO

Les Bons de 400 francs du Trésor Impérial

Tous les moyens sont donc bons pour trouver des chevaux. L’une des solutions mise en oeuvre est l’achat de chevaux payés à l’aide de bons estampillés Trésor Impérial. Cest dans la correspondance de Napoléon et du Comte Mollien que l’on trouve les détails de la création de ces bons de 400 fr émis par le Trésor. Napoléon en est le promoteur. Nous reproduisons ci-dessous le contenu du courrier écrit par Napoléon au Palais des Tuileries le 25 mars 1813.

 


 

A Molien, Ministre du trésor Public

 

Paris, 25 mars 1813

Monsieur le Comte Mollien,

 

Je viens de rendre un décret qui détermine le nombre de chevaux de trait que doivent fournir les départements des 1°, 2°, 3°, 4°, 5°, 6°, 14°, 12°, 15°, 16°, 17°, 18°, 19°, 20°, 24°, 25°, 26°, 31°divisions militaires pour les attelages de l’artillerie et des équipages militaires. Le nombre total est de 12 600 dont 8 000 pour l’artillerie et 4 600 pour les équipages militaires. J’ai fixé le prix de chacun de ces chevaux à 400 F et ils doivent être payés comptant. Ce qui exige 5 040 000 F mais mon intention est que vous fassiez 12 600 bons payables à jour fixe au 30 mai, à la caisse du payeur de la direction ou à la Trésorerie. Par ce moyen, le trésor n’aura pas d’inquiétude, le paiement sera soldé et on aura 60 jours de profit : je vous prie de faire connaître aux ministres de la Guerre et de l’Administration de la guerre mes intentions à ce sujet.

Vous enverrez les bons dans les caisses des payeurs ou préposés des départements, conformément à l’état des répartitions du contingent des chevaux à lever dans chaque département.

 

Bonaparte


 

 

 

Bon de 400 francs, payable au porteur
pour la Remonte de 12 600 Chevaux de Trait

Les bons rencontrés sont rares (j’en ai rencontré moins d’une dizaine) et tous portent les numéros du trésor de la série « 6000 », écrit en lettres manuscrites. Ils sont tous « non émis ». Certains bons ont leur papier altéré, piqué de taches de rouille.

 


 

Bon de 400 francs du Trésor Impérial 1813 - Remonte de 12 600 Chevaux de Trait

 


Date de création et échéance : 1813

Dimension : 238 x 180 mm

Filigrane : Cérès avec inscription « Trésor Public »

Numéros d’ordre identifiés : 6318 et 6323

Tirage Officiel : 12 600 bons

Cotation indicative : 400 à 500€


 

Bon de 400 francs du Trésor Impérial 1813 - Remonte de 12 600 Chevaux de Trait

 

 

Timbre à sec

Sur le timbre est représenté Cérès associant à ses travaux un citoyen qui vient d’échanger sa monnaie républicaine contre une propriété rurale provenant des Domaines Nationaux. On retrouve le même timbre sur les Mandats territoriaux de 5 francs.

 

 


Diamètre du timbre sec : 27 mm
Graveur : Nicolas-Marie Gatteaux (1764-1836)


 

 

Filigrane

Le filigrane se trouve sur le coté gauche du bon, sur toute la hauteur du bon.

 

OO

Avis aux collectionneurs !

J’aimerais échanger avec des collectionneurs possédant un de ces bons,
qui pourraient apporter leurs contributions à cet article et permettre ainsi de répertorier, par exemple,
d’autres numéros de série, des variantes, etc….
Merci d’avance

contact@numismag.com

 

 

Source : Archive Nationale – NUMISMAG©

Laisser un commentaire

Your email address will not be published. Required fields are marked *

Newsletter signup

RECEVEZ GRATUITEMENT
LES ACTUALITÉS

Merci de patienter

Merci pour l'inscription

×