Une imitation celto-ligure inédite de la drachme « légère» de Marseille

Une imitation celto-ligure inédite de la drachme « légère» de Marseille

NUMISMAG vous présente un résumé de la conférence de Jean Albert CHEVILLON, qui s’est tenue à Avignon le 04/05/2019, au Musée REQUIEN. Jean-Albert Chevillon est un chercheur indépendant en numismatique, spécialiste des monnaies archaïques et classiques de l’Extrême-Occident grec et des monnayages du sud-est de la Gaule. Il assure les fonctions de président du Groupe Numismatique du Comtat et de Provence (GNCP-Avignon). Il est également membre titulaire de l’Académie de Vaucluse, membre de la Société Française de Numismatique (SFN), délégué régional sud-est de la Société d’Etudes Numismatiques et Archéologiques (SENA), membre de la Société Hellénique de Numismatique (HNS), membre de « l’editorial board » de la revue numismatique OMNI et vice-président du Musée Archéologique du Pègue (Drôme).

 

Jean Albert CHEVILLON – chercheur en numismatique

 


Emises principalement entre le milieu du IIe et le milieu du Ier av. J.-C., les rares imitations de la drachme « légère » (ou tétrobole) de Marseille (1) furent, le plus souvent, frappées par des ethnies celto-ligures vivant dans l’hinterland de la cité grecque implantée en Provence depuis les années 600. Cette période « incertaine » se caractérise par des conflits directs entre Marseille et diverses coalitions gauloises ainsi que par la mise en place, en 118, de la « Gaule transalpine » dont la capitale fut Narbo Martio (Narbonne).

Le spécimen mis en lumière ici (Fig.1) présente toutes les spécificités de ce type de frappes «locales». On y détaille, au droit, une tête fruste d’Artémis (une des trois divinités tutélaires de la métropole phocéenne) avec une chevelure sans volume, un nez «évidé» seulement marqué par une arête et les restes, peu visibles, de la boucle d’oreille trilobée et de l’arc dans la nuque (absence du carquois). Grènetis au pourtour.

 

Une imitation celto-ligure inédite de la drachme « légère» de Marseille

 

Au revers, un lion marchant à droite sur une ligne de terre. Gravure sans grande harmonie avec les pattes de l’animal qui se terminent par des doigts aléatoirement positionnés et fortement schématisés. Autour, les lettres déformées et peu visibles de la légende ionienne initiale MAΣΣA / ΛIHTΩN. Devant l’animal, les lettres A et Β placées verticalement. Poids: 2,70g, diamètre: 17,4-15,7mm. Coll. privée (Var,France). Origine: Provence. Flan nettement scyphate au revers, pas de cercle visible au pourtour.

Avec leur style approximatif, celtisant, les gravures ne laissent aucun doute sur l’origine celto-ligure de leur émetteur. Un lien prototypique peut même être établi, avec certitude,avec la série de drachmes de Marseille référencée DRM-37-6 (150/125 av.) dans le Dicomon de M.Feugère et M. Py2 (Fig.2).

Une imitation celto-ligure inédite de la drachme « légère» de Marseille

 

Doté d’une masse de 2,70g, ce spécimen, en bon métal, s’aligne parfaitement sur le poids théorique des drachmes «légères» de la Marseille grecque (3).

Tous les éléments convergent, concernant ce nouveau spécimen, pour en faire une imitation celto-ligure de la drachme «légère» au lion de Marseille. L’identification exacte du prototype permet d’affiner, un peu plus, sa date de frappe qui pourrait se positionner vers le dernier quart du IIe siècle av. J.-C.

Encore trop mal connues, les émissions de nominaux (drachmes/tétroboles) pour les Gaulois du Sud-Est méritent largement d’être valorisées. Elles montrent la nécessité pour ces entités d’émettre désormais leurs propres séries «lourdes» et d’affirmer ainsi, un peu plus, leur besoin d’indépendance par rapport à la désormais «déclinante»Massalia (4).

 


1 CHEVILLON J.-A., Provence antique : une « énigmatique » drachme celto-ligure, Bulletin numismatique du GNP, novembre 2017, n° 127, p. 8-10.

2 FEUGÈRE M., PY M., Dictionnaire des monnaies découvertes en Gaule méditerranéenne (530-27 avant notre ère), Éditions Monique Mergoil et Bibliothèque nationale de France, 2011, 719 p.

3 CHEVILLON J.-A., Région varoise : une drachme celto-ligure inédite, Provence Numismatique, bulletin de liaison des associations, n° 118, février 2013, Nice, p. 23-24.

4 CHEVILLON J.-A., La place du monnayage marseillais dans le milieu indigène du Sud-Est, Les territoires de Marseille antique, Éditions Errance, Actes Sud, Arles, 2014, pp. 121-132.


 

Sources: Jean Albert CHEVILLON (conférence d’Avignon du 04/05/2019) – NUMISMAG©

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