Découverte d’un trésor de pièces interdites de la fin du XVe siècle à Dijon

Découverte d’un trésor de pièces interdites de la fin du XVe siècle à Dijon

Des monnaies étrangères rarissimes du Moyen Age ont été découvertes à Dijon. Vers la fin du XVe siècle, un homme a enterré sous sa maison une trentaine de pièces d’or et d’argent dont il était interdit de s’en servir. En effet à cette époque, le roi de France Charles VIII, avait interdit la circulation de monnaies étrangères dont il espérait récupérer le métal précieux pour financer ses guerres. Toutes ces pièces, fabriquées en argent pur ou présentant un taux d’or très élevé, avaient donc été cachées pour leur valeur métallique. C’est lors d’un diagnostic archéologique réalisé avant la construction d’un immeuble qu’a été mis à jour le trésor. La trouvaille remonte au mois de janvier 2019, mais la présentation à la presse n’a eu lieu que mercredi 29 mai.

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Découverte d'un trésor de pièces interdites de la fin du XVe siècle à Dijon

Elles ont été enfouies il y a plus de cinq siècles dans une petite boîte en bronze et redécouvertes par une équipe de l’Inrap (Institut national d’archéologie préventive) qui lors de fouille sont tombé sur ce qui se révèle être un véritable petit trésor. « Avec cette somme, un petit artisan ou un ouvrier de Dijon aurait vécu longtemps. Mais pour un marchand qui vit dans le luxe, c’est un pécule secondaire », explique Stéphane Alix responsable d’opérations à l’Inrap.

 

Boite vide – On voit sur le devant l’ancien fermoir

 

Comme le précise Stéphane Alix « Lors de leur découverte, les monnaies étaient légèrement étalées et collées entre elles. La petite boite qui les renfermait avait complètement éclaté, il s’agissait d’un écrin en alliage cuivreux « très modeste par rapport à ce qu’il contient », explique le scientifique. La pile est restée telle qu’elle a été posée par l’enfouisseur ».

 

 

 

Ces 34 monnaies accompagné d’un médaillon de mariage, racontent l’histoire de la bourgeoisie marchande et de la petite aristocratie de la fin du 15e siècle à Dijon, capitale d’un duché puissant qui avait des connexions depuis l’Italie du nord jusqu’au nord de l’Europe.

On trouve dans ce trésor, 34 pièces, dont 10 en or, comprenant des testons, des écus, des gros, un catalogue des monnaies de l’époque. La plus ancienne est une monnaie du Brabant (aujourd’hui en Belgique) émise entre 1432 et 1467. La majorité des pièces provient des états du Saint-Empire du sud ou du nord (Brabant, duché de Savoie, Palatinat) et des principautés italiennes (Milan, États pontificaux, Ferrare, Venise…)..

 

 

 

Ce dépôt est d’un grand intérêt numismatique. Certaines monnaies sont connues à très peu d’exemplaires, selon Pascal Listrat, archéologue de l’Inrap. La plus récente est une monnaie en or d’Innocent VIII, Pape de 1484 à 1492. Sur ses pièces ont peu y voir une fabuleuse galerie de portraits des grands princes d’Europe de la fin du XVe siècle, dont le pape Nicolas V, Galeazzo Maria Sforza, duc de Milan, ou encore le pape Innocent VIII. Il n’y a qu’une seule pièce française dans le trésor à l’effigie de Louis XI. La plupart semblent avoir très peu circulé. On retrouve une grande proportion de monnaies italiennes, en particulier des testons en argent milanais des Sforza. Le dépôt a les allures d’un catalogue des grands princes de la fin du Moyen Âge.

 

Découverte d'un trésor de pièces interdites de la fin du XVe siècle à Dijon

 

L’ensemble des pièces du trésor

 

Le pendentif associé au dépôt est Caractéristique des médaillons de mariage de la fin du Moyen Âge. Il arbore les monogrammes D et V réunis par une cordelière en or. À l’image des nombreux bijoux reproduits sur les portraits de l’époque, il comprenait sans doute une perle suspendue. Plus modeste que les parures affichées dans les cours princières ou ducales, ce monogramme montre un glissement de l’usage du chiffre depuis la noblesse vers une frange moins prestigieuse de l’aristocratie ou de la bourgeoisie aisée.

 

Médaillon de mariage avec les Initiales V et D.

 

 

Cet ensemble constitue un précieux témoignage sur la fréquentation de la ville à la fin du XVe siècle. L’origine des monnaies, la relative richesse du lot montre peut-être des économies familiales réalisées petit à petit, sur une période d’une quinzaine d’années. Elle renvoient à la sphère sociale marchande, au monde du négoce européen. Les lieux d’émission couvrent des territoires qui jouent un rôle moteur dans le commerce de l’époque ou qui sont en connexion avec le monde bourguignon (Brabant, Italie du Nord…). Les circonstances précises du dépôt demeurent incertaines, mais cette poignée de monnaies reflète cette fin de siècle à Dijon avec la chute de Charles le Téméraire, l’annexion du duché de Bourgogne, l’arrivée des troupes du roi de France dans les murs de Dijon alors que par-delà les Alpes, se font entendre les bruits des guerres d’Italie.

 

 


Aménagement :  CATALPA
Contrôle scientifique :  Service régional de l’archéologie (Drac Bourgogne-Franche-Comté)
Recherche archéologique :  Inrap
Responsable scientifique :  Stéphane Alix, Inrap
Numismate :  Pascal Listrat, Inrap
Spécialiste Instrumentum : Marie-Agnès Widehen, Inrap
Interventions sur le mobilier métallique : cream de Vienne


Sources : L’INRAP (photos Denis Glicksman, Inrap) – NUMISMAG©

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