MURIEL EYMERY, une franco-américaine candidate pour rejoindre le Directoire de l’American Numismatic Association (ANA) ?

MURIEL EYMERY, une franco-américaine candidate pour rejoindre le Directoire de l’American Numismatic Association (ANA) ?

A la lecture du CV de Muriel EYMERY, on est impressionné par la carrière internationale qu’elle a menée dans le domaine de la Numismatique. Commencée à la Monnaie de Paris en 2003, elle s’est poursuivie en 2007 en intégrant la société de grading PCGS, en charge de son développement international, en Europe, puis en Asie.

Depuis 2016, Muriel EYMERY travaille au sein de la société SPINK and SON Ltd en qualité d’ Executive Vice-président en charge des départements « Monnaies et Médailles « . Elle est responsable mondiale de Spink pour les monnaies et décorations/ médailles, où elle gère les ventes aux enchères, les dépôts des clients pour ses ventes, supervise les spécialistes et conseille les clients du monde entier.

SPINK & SON Ltd a été fondée à Londres en 1666. Cette société est depuis devenue l’une des premières maisons de vente aux enchères d’objets de collection du monde et des plus internationales avec des bureaux a Londres, New York, et Hong Kong. Elle est spécialisée dans la vente aux enchères et la vente privée de timbres, pièces de monnaie, billets de banque, médailles, obligations, actions, autographes, livres et vins fins.

 

Muriel Eymery lors du coinshow de hong kong en mars 2019

Muriel EYMERY est candidate au poste de gouverneur de l’ANA (American Numismatic Association) pour 2019-2020. Cette association est la plus puissante au monde puisqu’elle compte environ 40 000 membres. Elle souhaiterait la faire évoluer et intégrer au mieux le contexte globalisé dans lequel nous vivons depuis l’apparition de l’Internet. Elle est également membre de la British Numismatic Trade Association, la prestigieuse Royal Numismatic Society et de l’ANS.

 

Chez Numismag, nous aimons les acteurs du secteur qui évoluent en dehors des sentiers battus et ce nouveau projet de Muriel EYMERY a été l’occasion, pour Numismag, de l’interviewer en exclusivité.

 


NUMISMAG : Quelle est votre formation universitaire initiale ?

Muriel EYMERY : J’ai étudiée à l’université de Paris Dauphine où j’ai obtenu une maîtrise en Finance et j’ai poursuivi mes études par un MBA en finance au Baruch College et une maîtrise en politiques publiques internationales à SAIS, Université John Hopkins, àWashington DC et à BALTIMORE, MARILAND.

 


NUMISMAG : Pourquoi vous êtes-vous orientée plus particulièrement vers le secteur de la numismatique à l’issue de vos études ?

Muriel EYMERY :  Dans les années 2000, vers 2003, le PDG de la Monnaie de Paris, Dove ZERAH à l’époque, souhaitait recruter un cadre commercial pour développer l’activité aux USA, dans la mesure où à cette époque c’était le marché numismatique le plus dynamique et le plus important au monde. Il souhaitait également redynamiser le Service des Médailles. J’avais le profil parfait pour ce poste.

 


NUMISMAG : Quelles fonctions aviez-vous à la Monnaie de Paris ?

Muriel EYMERY : j’étais Directrice pour la zone Amérique du Nord et avais également en charge le compte « corporate »  et institutionnels pour les médailles.

 

Muriel EYMERY et l’ancien directeur de l’atelier de gravure

de la Monnaie de Paris, H. Larivière


NUMISMAG: Vous avez ensuite été engagée par la société PCGS qui est dans le secteur de la numismatique et dont l’activité consiste à grader des monnaies. Quelles étaient vos missions pour cette compagnie?

Muriel EYMERY : A cette époque, la société PCGS n’avait pas de capacité en matière de commerce international. Or, pour moi le « grading » a un intérêt pour n’importe quel collectionneur dans le monde. Nous travaillons sur un marché qui est souvent opaque. Qui en tant que professionnel ou même en tant que collectionneur n’a pas eu de discutions interminables avec un acheteur ou un vendeur sur l’état numismatique d’une pièce, d’une médaille ou même d’un billet ? Il y a très souvent un manque de transparence sur ce marché.

De plus, les échelles d’évaluation entre pays n’étaient pas harmonisées. Sans compter la prolifération des faux dans tous les domaines de collection. Bref, le grading est une solution à plusieurs de ces problèmes que nous avons tous rencontré dans notre vie de numismate.

Il est vrai aussi que le « grading » par un tiers de confiance remettait en cause le rôle d’arbitrage des revendeurs professionnels. Ils y étaient donc peu favorables.

La société PCGS m’a donc logiquement confié le développement à l’international de ses activités et nous avons d’abord ouvert un bureau Européen à Paris. Elle m’a ensuite confié l’ouverture et la gestion des bureaux de Hong-Kong, puis de Shanghai.

 


NUMISMAG : Vous étiez plus spécialisée sur le marché asiatique. Pour quelle raison ?

Muriel EYMERY : C’est le marché émergeant actuel et celui qui est le plus prometteur en matière de perspective de développement sur les vingt prochaines années. La Chine compte à elle seule plus de 30 millions de collectionneurs…

 


NUMISMAG: Vous travaillez maintenant pour la société SPINK. Pourquoi avoir choisi plus particulièrement cette société de commissaires-priseurs, dont le siège est à Londres?

Muriel EYMERY : La société SPINK souhaitait remettre en ordre son département numismatique, surtout pour les marchés Asie et Amérique du Nord. Nous avons aussi noué un partenariat pour ses ventes au Japon avec la société TAISEI, qui est également le revendeur exclusif de la Monnaie de Paris dans ce pays. Cela lui a permis de pénétrer l’un des marchés asiatiques les plus fermés.

Il est à noter que le gros travail fourni par TAISEI en tant que revendeur de la Monnaie de Paris a eu un effet de levier sur nos ventes aux enchères au Japon. En effet, cet effort a créé parmi les collectionneurs japonais le goût pour les monnaies françaises et anglaises émises entre 1800 et 2002. Beaucoup de collectionneurs japonais apprécient les monnaies émises sous les régimes de Napoléon Ier, de Napoléon III ou de la reine Victoria.

Mais la société SPINK a aussi le souci de dynamiser le secteur de la numismatique, au-delà de ses propres intérêts commerciaux directs. Elle est ainsi l’un des sponsors du British Museum et finance certaines de ses expositions.

Elle publie  de nombreux ouvrages  et assure ainsi un soutien aux chercheurs. (ex : livre sur les pièces Islamiques, livre sur les pièces de Grande Bretagne, le célèbre « British coins »).

La société SPINK abrite aussi dans ses locaux à Londres la société NGC, au second étage de l’immeuble. C’est le second bureau européen de NGC, qui a souhaité également ouvrir un bureau en Grande Bretagne, en plus de son bureau allemand, en prévision du BREXIT.

Ponctuellement, nous mettons également nos salles de réunion à disposition des associations de collectionneurs anglaises pour la tenue de leurs assemblées générales telles que la Royal Numismatic Society.

Enfin, SPINK a un programme de formation important. Nous formons régulièrement des stagiaires, rémunérés, qui ensuite font carrière chez nous ou dans d’autres entreprises du secteur de la numismatique.

 


NUMISMAG : Olivier STOCKER (CEO de SPINK) vous a confié la gestion transversale du département  « Monnaies et Médailles » chez SPINK pour l’ensemble des bureaux de la société à travers le monde. Comment voyez vous les perspectives de croissance de SPINK, société européenne (dont le siège est basé  à Londres), sur le marché numismatique ?

Muriel EYMERY : Oui, le Marché est porteur pour ce qui concerne les ventes aux enchères que nous organisons. En Asie, la  moyenne d’âge des collectionneurs mais aussi des professionnels est très jeune. Les classes moyennes qui ont émergé dans ce pays se tournent de plus en plus vers la numismatique comme Hobby mais aussi comme placement alternatif aux investissements immobiliers et financiers.

De manière générale, on constate une « uberisation » du secteur de la numismatique. Chaque professionnel peut faire de la vente en boutique, sur internet ou organiser ses propres ventes aux enchères s’il a les capacités logistiques pour le faire. C’est aussi une opportunité car il est aujourd’hui plus facile pour un jeune de se lancer en tant que professionnel.

Le temps des dealers qui préféraient « l’entre soi » et un micro marché solvable et hermétique leur permettant de vivre de leur activité est maintenant révolu (sauf à quelques rares exceptions, notamment française…). L’internet  a tout changé!

Muriel EYMERY au salon numismatique de HONG KONG 2019


NUMISMAG : Vous vous présentez comme candidate pour être élue au Directoire (gouvernorat) de l’AMERICAN NUMISMATIC ASSOCIATION (ANA). Quels sont vos projets pour cette association qui est une des associations de collectionneurs les plus influentes au monde (40 000 membres) ?

Muriel EYMERY: Elle est en effet la plus grande association au monde, de par le nombre de ses adhérents. Le gouvernement fédéral américain lui a d’ailleurs donné mandat pour éduquer à la numismatique l’ensemble de la population. Cependant, l’essentiel de son activité actuelle reste centrée sur les monnaies américaines.

Selon moi, ce devoir d’éducation doit être appréhendé de manière plus large sur d’autres types de monnaies, d’autres continents. Il y a parmi la population des collectionneurs aux Etats Unis un terrain favorable à cette évolution. Beaucoup de collectionneurs ont des origines étrangères plus ou moins lointaines. Beaucoup collectionnent donc, en plus des pièces américaines, les pièces émises par leur pays d’origine.

L’ANA a vocation à évoluer dans un monde globalisé. Elle devrait développer des partenariats avec d’autres associations représentatives dans le monde entier et promouvoir ainsi la numismatique mondiale.

Elle pourrait inciter d’autres organisations non lucratives à développer des séminaires d’été pour former les collectionneurs ou pour perfectionner leurs connaissances, comme elle le fait aux USA.

Si je suis élue, je compte mettre l’accent sur le recrutement de membres partout à travers le monde afin d’assurer l’ouverture de l’ANA sur le reste du monde. N’importe quel collectionneur au monde peut d’ores et déjà s’inscrire à l’ANA et recevoir notamment, gratuitement, sa publication « The Numismatist », participez à ses salons ou accéder en ligne à des ressources et autres informations éducatives. Mais beaucoup l’ignorent encore…

 

L’ANA, l’association la plus puissante au monde (cliquez ici)


NUMISMAG : Etes-vous vous-même collectionneuse?

Muriel EYMERY: Avec le temps et au fil de mes découvertes professionnelles, j’ai en effet pris goût à la collection de médailles et monnaies.

 


NUMISMAGQuel est votre domaine de prédilection en numismatique ?

Muriel EYMERY: Je suis surtout intéressée par les monnaies et médailles françaises du 19ème siècle mais aussi par certaine monnaies royales françaises plus anciennes. J’aime bien tout ce qui est frappes «  au marteau », par leur côté « métier d’art ».

Muriel Eymery a candidate for governor of American Numismatic Association. Video presentation. #Veronafil numismatic fair, #Verona, #Italy. #ANA #numismatics #coins #banknotes #medals

Gepostet von Zlatko Viščević am Samstag, 25. Mai 2019

 

 NUMISMAG remercie Muriel EYMERY pour le temps qu’elle a consacré à cet interview.

  


Pour contacter Muriel Eymery via email.

Vous pouvez également suivre Muriel Eymery sur Twitter, LinkedIn et Facebook.


 

 Sources: SPINK and SON, Muriel EYMERY – Executive Vice Présidente « Monnaies et Medailles » SPINK. et NUMISMAG©.

Laisser un commentaire

Your email address will not be published. Required fields are marked *

Newsletter signup

RECEVEZ GRATUITEMENT
LES ACTUALITÉS

Merci de patienter

Merci pour l'inscription

×