Doit on investir maintenant dans l’achat de pièces d’or?

La conjoncture économique est très dégradée. Pour ce qui concerne les investisseurs, dont les collectionneurs en numismatique font partie, il convient de s’interroger sur l’opportunité d’acheter de l’or et de diversifier ses collections. Le but est aussi de se constituer un capital, une réserve liquide, qui pourra être transmise par voie successorale ou liquidée en cas de nécessité financière.

Il ne s’agit pas de dire qu’il faut absolument acheter de l’or et de spéculer sur ce placement. Non, notre propos est de vous interpeller sur la composition de votre porte feuille numismatique et de vous inviter à réfléchir à une possible diversification de ce dernier.

Dernière évolution du marché de l’or en Mai 2020

Depuis que les idées keynésiennes ont été adoptées par bon nombre d’économistes, l’or n’a souvent été considéré qu’avec dédain. «L’or est une relique barbare», selon la célèbre expression de l’économiste anglais. Cela est du au fait que pour les keynésiens l’or n’a aucun rendement financier. C’est avant tout une immobilisation de fonds, qui sont totalement improductifs pour l’économie d’un pays.

Mais à chaque crise économique majeure, on constate que les agents économiques se précipitent vers l’or. «L’or c’est avant tout un bouclier» rappelle Jean François FAURE de AUCOFFRE.com.
Ce dernier poursuit «L’or s’est fortement apprécié depuis la mi mars 2020 et se situe dans un canal situé entre 1550 et 1650€ l’once. Toutefois, l’or ne s’est pas envolé parce que la croissance de la demande sur les ETF et les achats massifs des banques centrales (achats de barres d’or plus que de pièces) a été fortement contrebalancé par la baisse de la demande d’or de bijouterie en Chine et en Inde. Celle-ci constitue 50% des débouchés du marché de l’or.
Compte tenu du contexte sanitaire, beaucoup de familles en Inde ont repoussé les mariages qui auraient du être célébrés depuis le début de la crise du COVID19».

L’or aura donc été plus que jamais un bouclier pour les investisseurs, tantôt instrument de réserve, tantôt planche de salut pour absorber, lors de la revente, les pertes subies sur les marchés financiers.

Mais dans les mois à venir, l’or pourrait avoir un tout autre rôle, notamment pour les ménages.

Flans d’une Once or Philarmoniker – Monnaie d’Autriche

L’or, une bouée de sauvetage pour la classe moyenne

face à la crise bancaire à venir?

Beaucoup comparent la situation économique actuelle à la crise de 1929. Dans les esprits, 1929 c’est un krach boursier.
Or, le véritable problème en 1929 n’était pas tant le krach boursier que le krach bancaire qui a suivi juste après.
Car 1929 comme 2008 sont des crises de la dette privée, contrairement à ce que répètent bon nombre de médias et de spécialistes.

« Philarmoniker » autrichien, une Once

En 1929 ce sont les achats en bourse à découvert qui ont fait plonger les banques.

En 2008, ce sont les prêts immobiliers accordés aux ménages non solvables aux USA, titrisés et revendus ensuite sous cette forme, notamment aux banques européennes, qui ont impacté les résultats des banques dans leur ensemble.

La dette publique augmente certes aussi au cours de ces crises d’abord parce que les Etats mettent la main à la poche pour sauver ce qui peut l’être encore. Parce que tout le monde dans ces moments là attend de lui qu’il soit l’Etat providence!

Ce sont toujours les Etats que l’on stigmatise, jamais ou très rarement les dévoiements des marchés financiers.

Or les risques qui planent sur le secteur bancaire sont nombreux.

Tout d’abord les subprimes n’ont pas disparus. Ils ont seulement changé de nom. Avec un chômage de masse qui frappe aux Etats Unis, la même problématique que celle de 2008 risque de se répéter. Les banques ont financés des ménages qui n’étaient pas solvable ou avec une solvabilité très relative.

Cette mécanique de titrisation de créances à fort risque a également été étendue aux créances sur les entreprises du pétrole aux USA. L’investissement dans ce secteur a été financé par de la dette privée face à des promesse de retour sur investissement dans un délai de 24 mois, voire moins. Ces produits, tout comme les subprimes, ont été titrisés et revendus à l’ensemble du système bancaire mondial. Or en avril 2020, le prix du brut s’est effondré entrainant la disparition de beaucoup de société pétrolières sans la trésorerie suffisante pour faire face à cette contraction du marché.

Enfin le problème récurrent de la dette étudiante aux USA refait surface. Cette réapparition est due à une forte baisse du nombre des nouveaux étudiants, elle même liée à la hausse des frais de scolarité dans l’enseignement supérieur.

Face à tous ces risques qui courent sur le système bancaire, il est peut être temps de songer à diversifier son patrimoine et pour les numismates comme pour les «bon pères de famille» de s’engager sur le marché de l’or.

Une stratégie d’achat d’or pour les collectionneurs?

Deux types de logiques, non exclusives l’une de l’autre peuvent justifier la constitution d’une collection de pièces en or.
Il y a d’abord ceux qui achètent de l’or dans l’optique de revendre à plus ou moins brève échéance. Parmi ceux ci on compte les spéculateurs et des bons pères de famille qui souhaitent simplement rentabiliser leur achat en dégageant une plus-value lorsqu’ils liquident leur position. Nos conseils ne concernent pas ce public qui s’engage sur un terrain qui peut s’avérer très risqué…

Il y a ensuite les acheteurs qui souhaitent diversifier leur patrimoine en achetant de l’or.

70% du patrimoine des ménages français est constitué par des biens immobiliers. C’est aussi un bouclier car même si le marché de l’immobilier fluctue, il conservera toujours une valeur intrinsèque minimale, incompressible. Par contre, il est beaucoup moins liquide et le ticket d’entrée se chiffre en dizaines de milliers d’euros.

Investir une partie des 30% d’actifs financiers détenues par les ménages dans des achats de pièces d’or est une stratégie de diversification du patrimoine logique face aux risques qui pèsent sur ces derniers.

Ces achats d’or sont à opérer selon certaines modalités.

« L’achat pérenne en matière de pièces d’or est un achat régulier et linéaire dans le temps » insiste Jean François FAURE. Il ajoute: «Les prix de l’or vont se stabiliser dans les semaines à venir car aux ventes massives d’or ont succédés des achats massifs d’or par les banques centrales. Les société de trading reprennent à nouveau position sur le marché de l’or. A contrario la demande en Inde et en Chine reste à un niveau très bas pour les raisons indiquées infra».

En outre, si des achats d’or peuvent être constitués de pièces d’or boursables et/ou de lingots, Jean François FAURE rappelle aussi la possibilité, pour les numismates, de se constituer des collections de pièces en or ayant en plus une valeur numismatique.

Il précise: «Je peux citer plusieurs exemples de pièces qui ont une réelle valeur numismatique et qui sont recherchées par des collectionneurs du monde entier: les pièces Liberty anciennes (dessinées par Saint Gaudens, un graveur d’origine française par son père), les pièces de 20 francs Napoléon, les souverains or anglais (émis depuis 1837) et les demi-souverains, les meaple leaf canadiennes, les pièces de l’Union latine -pièces précurseurs de l’euro (pièces de Belgique, Hongrie, Argentine par exemple de la fin du XIX, début XX ème siècle, etc…».

Souverain or 2019 de la Royal Mint

Dans le cas des souverains anglais, il convient de préciser que ces pièces ont en outre toujours cours légal et génèrent à la revente une prime situé entre 15% et 20% du prix du poids de l’or qu’elles contiennent.

Bref les numismates décidés à appliquer cette stratégie auront donc l’opportunité de marier une impérieuse nécessité à la pratique de leur loisir préféré.

Jeton d’une Once « Vera Valor »,  commercialisée par AUCOFFRE.COM

Sources: Jean François FAURE – AUCOFFRE.COM et NUMISMAG.