Bourses Numismatiques: la Région Ile de France en chute libre!

Bourses Numismatiques: la Région Ile de France en chute libre!

Une fois n’est pas coutume, NUMISMAG souhaite évoquer un sujet connexe à la numismatique. Si vous habitez la région Ile de de France (RIF), vous avez très certainement constaté, en tant que collectionneur, la disparition progressive des bourses numismatiques au cours de ces dernières années.

Après les bourses de Paris – mairie du 19éme, Sartrouville, Versailles, Poissy, c’est la bourse de Bondy qui disparaît à son tour. En 2021, il n’y aura pas non plus de salon des professionnels au Palais BROGNIART, alors qu’en 2020 une édition digitale avait été mise en place. Celle-ci n’avait pas convaincu les professionnels qui avaient été à peine un peu plus d’une dizaine à répondre à l’appel du SNENNP (Syndicat National des Experts en Numismatique et des Numismates Professionnels).

Ne subsistent donc à ce jour en région parisienne que le salon de Bagnolet, organisé par un professionnel, ainsi que les bourses de l’AFEP, qui se tient elle aussi à Bagnolet, de Taverny et du CNA à Argenteuil. L’édition 2022 de la bourse d’Argenteuil est confirmée dans son principe. Mais de nombreuses difficultés sont survenues dans son organisation du seul fait de la mairie de cette commune. A l’heure où nous écrivons ces lignes, les modalités pratiques de cette bourse ne sont pas encore arrêtées par la direction de l’association et son président, l’énergique Pascal HELLENBRANDT.

 

Bourses Numismatiques: la Région Ile de France en chute libre!

Bourse d’Argenteuil 2020

 

Cette évolution récente, très défavorable au développement de la numismatique, peut s’expliquer selon nous par plusieurs causes.

Tout d’abord, il y a une désaffection généralisée pour le secteur associatif. Les collectionneurs rechignent à s’engager comme bénévole associatif, voire même simplement à adhérer à une association.

Les générations les plus jeunes préfèrent se réunir autour de groupes informels sur Facebook ou sur d’autres réseaux sociaux. Ce nouveau mode d’organisation est selon nous complémentaire d’un maillage associatif classique mais ne peut pas le remplacer. La preuve en est qu’aucun groupe Facebook n’a pour le moment été en mesure de mettre en place un événement numismatique du même type qu’une bourse, même sous une forme digitale. Le modèle dans ce domaine reste à inventer…

La disparition des bourses organisées par des acteurs associatifs est aussi liée à la disparition de ces associations elles mêmes. Ainsi, s’il n’y a plus de bourse à Poissy, c’est parce que le club numismatique organisateur de la ville a disparu, corps et bien.

Une autre explication est sans doute l’absence d’implication et de soutien des pouvoirs publics dans l’organisation de ces bourses. Si l’on compare avec ce qui se passe à l’étranger, on ne peut que constater une attitudes diamétralement opposée des pouvoirs publics d’autres pays. Ainsi, la Monnaie d’Autriche soutient solidement le World Money Fair de Berlin, qui est la bourse européenne la plus importante (entre 13 000 et 15 000 visiteurs sur trois jours). Elle sponsorise l’événement. Elle est en plus actionnaire minoritaire de la société privée qui organise cet événement, Mecque de la numismatique européenne.

 

Bourses Numismatiques: la Région Ile de France en chute libre!

Bourse de Berlin – WMF 2019

 

La Monnaie des Pays Bas soutient la bourse « Holland coin fair ». Elle y participe activement et sponsorise en partie l’événement. La FNMT, Monnaie espagnole, soutient également au moins une bourse annuelle. Ces Monnaies Nationales ont bien compris que les bourses numismatiques participaient à l’animation du marché de la numismatique. Elles entretiennent l’intérêt des collectionneurs autour de cette passion et facilitent aussi l’émergence de nouvelles générations de collectionneurs, au sein d’un public plus jeune. Le remplacement des générations de collectionneurs ne se décrète pas par «oukaze» d’une direction marketing, il se construit progressivement dans le temps.

Faut il totalement désespérer? Non, loin de là. Tout d’abord, on constate qu’en Province, le maillage numismatique associatif est beaucoup plus solide qu’en région parisienne. De ce fait, les bourses situées en Province, toutes organisées par des associations, résistent mieux à l’érosion de l’intérêt des numismates pour les bourses «physiques». Elles ne connaissent donc pas la crise que connaît la RIF. S’il fallait un exemple, la bourse de l’ANC (Association Numismatique du Centre) à ORLEANS ne connait pas de désaffection de la part des collectionneurs.

 

Bourses Numismatiques: la Région Ile de France en chute libre!

Bourse de l’ANC – Orléans 2019

 

Par ailleurs, les associations numismatiques locales sont souvent spécialisées sur la collection des monnayages locaux, antiques ou en tout cas anciens. Elles sont donc focalisées sur des collections plus fermées mais dont les adeptes sont paradoxalement plus mobilisés et réactifs. La fréquentation des bourses  qu’elles organisent parle d’elle même.

On peut imaginer que dans quelques années des bourses dématérialisées, sous forme digitale, remplacent les bourses physiques. Les salons professionnels s’y sont essayé en 2020 à Paris et en 2021 à Berlin. Mais, comme indiqué précédemment, le modèle viable de bourse digitale reste à inventer. Toutefois, la digitalisation de la numismatique est en cours et nous en voulons pour preuve ce qui existe déjà dans un autre domaine, celui des séminaires. Les séminaires numismatiques à distance, tels que celui organisé depuis plusieurs années par le NNP (Newman Numismatic Portal), connaissent en effet un succès croissant et international. Les bourses numismatiques pourraient  suivre le même chemin dans les années à venir, pour peu qu’un modèle digital viable voit le jour.

 

Source: NUMISMAG

Laisser un commentaire

Your email address will not be published. Required fields are marked *

Newsletter signup

RECEVEZ GRATUITEMENT
LES ACTUALITÉS

Merci de patienter

Merci pour l'inscription

×