Les billets de remplacement du Bunker secret de la Bundesbank

Les billets de remplacement du Bunker secret de la Bundesbank

La ville de Cochem en Allemagne a abrité officiellement pendant plusieurs décennies un établissement de la banque centrale allemande, la « BUBA » (Deutsche Bundesbank), qui était supposé être destiné à la formation et au repos de ses cadres. La réalité était toute autre puisque cet établissement était en fait le lieu où était stockée une série de billets de remplacement, libellée en marks. Cette mission a été été assurée par cet établissement sur une période allant de 1964 à 1988. IL s’agit de la série de remplacement BBK II destinée à l’ensemble de la République Fédérale d’Allemagne, à l’exclusion de Berlin Ouest, pour laquelle une série de remplacement spécifique BBK II avait été conçue.

 

Les billets de remplacement du Bunker secret de la Bundesbank

Poste de communication du Bunker

 


Qu’est qu’un billet de remplacement?


 

Dans de nombreux pays, y compris en France, des séries de billets de remplacement sont conçues par les banque centrales. C’est en fait une précaution destinée à faire face à un événement grave menaçant directement la stabilité du « cash system » d’un pays.

 

Coupure de 100 marks,  série de remplacement (Avers) – BBK II RFA, projet BITTROF

 

 

Les billets de remplacement du Bunker secret de la Bundesbank

 

Coupure de 100 marks, série de remplacement (Revers) – BBK II RFA, projet BITTROF

 

On peut citer à titre d’exemple le cas d’une opération de contre façon de grande ampleur. Pendant la seconde guerre mondiale, le gouvernement allemand avait mis en place une filière destinée à fabriquer en masse des faux billets anglais. Cette opération, connue sous le nom d’opération « BERNHARD », était destinée à inonder la Grande Bretagne de faux billets. Elle aurait généré ainsi une hyper inflation soudaine qui aurait ruiné le pays et lui aurait fait perdre la guerre. Cependant, le gouvernement allemand ne parvint pas à exécuter cette opération. La tragédie de cette épisode de la seconde guerre mondiale réside dans le fait que les faussaires recrutés étaient pour la plupart des déportés de camps de concentration.

Des difficultés économiques sans précédents  obligeant à dévaluer une monnaie en urgence pourraient entrainer l’émission de coupures fiduciaires avec une nouvelle valeur faciale « post dévaluation » et/ou exprimée dans une nouvelle unité monétaire. Ce fut le cas en France lors du passage de l’ancien franc au nouveau franc le 1er janvier 1960.

Enfin en cas d’invasion, un pays peut démonétiser rapidement une série de billet surtout si l’imprimerie fiduciaire est située dans une zone contrôlée par une force militaire ennemie. Cela évite que l’ennemi utilise un stock de monnaie fiduciaire contre les propres intérêts d’un pays qui l’a émise, pour financer l’effort de guerre de l’occupant.

 

 

Les billets de remplacement du Bunker secret de la Bundesbank

Coupure de 10 marks de la série de remplacement (Avers) – BBK II RFA, projet BITTROF

 

Coupure de 10 marks de la série de remplacement (Revers) – BBK II RFA, projet BITTROF

 

De manière ponctuelle, certaines coupures ou séries de remplacement ont été utilisées pour prendre la suite de la série de billets en circulation lors de leur conception, simplement dans le cadre du renouvellement d’un billet ou d’une série complète.

 


Un bunker pour stocker la série de remplacement


 

La banque centrale allemande avait classifié l’opération sous le nom de code « BBK II ».

Petra Reuter, propriétaire du bunker depuis 2016,  évoque cette histoire digne d’un roman d’espionnage. Selon elle, un montant de 15 milliards de marks a été entreposé dans un ensemble de douze cellules grillagées, entre 1964 et 1988. L’établissement secret occupe une surface de 1.500 m2.

 

Les billets de remplacement du Bunker secret de la Bundesbank

Couloir d’accès à la chambre forte

Au cas particulier, les pouvoirs publics monétaires allemands craignaient que de la fausse monnaie soit introduite à travers le rideau de fer afin de nuire à l’économie ouest-allemande.

La République fédérale d’Allemagne chargea la « Bundesdruckerei » (Imprimerie Fiducaire allemande) d’imprimer une monnaie d’urgence, secrète, parallèlement à la fabrication des billets pour la circulation ayant cours légal de l’époque. Elle devait les mettre à disposition en cas d’urgence. Le montant de 15 milliards de marks allemands se répartissait en billets de 10, 20, 50 et 100 marks.

Les billets de remplacement du Bunker secret de la Bundesbank

Porte de la chambre forte

 

Seuls trois cadres de la BUBA implantés à Francfort étaient en possession des trois clés et de la combinaison de la serrure de la chambre forte.

En cas d’attaque, la BUBA  voulaient être en capacité de distribuer la série de remplacement en deux semaines sur tout le territoire de la République Fédérale, précise Madame REUTER.

Derrière sa lourde porte de fer, l’abri paramilitaire en forme de « L », avec ses longs couloirs, sas de décontamination, bureaux équipés de téléscripteurs, téléphones à cadran, rappelle aux visiteurs l’ambiance de la guerre froide.

L’approvisionnement en billets du bunker de Cochem a duré des années, moyennant des centaines de rotations de camions, dans la discrétion la plus absolue. Les espions de la Stasi est-allemandes ne devaient pas être alertés…

 


Une page d’histoire définitivement tournée


 

En ajoutant les réserves stockées dans les coffres de la Bundesbank à Francfort, 25 milliards de cette monnaie parallèle auront été imprimés au total. Ce montant correspondait au montant de la masse des billets en circulation en 1963, date à laquelle la décision de la création de l’établissement de COCHEM avait été prise.

L’ensemble des coupures fut finalement déstocké, passé à la broyeuse puis les filaments brûlés entre 1988 et 1989, année de la chute du Mur de Berlin.

Aujourd’hui, l’ancien BUNKER de la BUBA est devenu un musée privé et il peut se visiter car il vient d’ouvrir à nouveau ses portes.

 

Les billets de remplacement du Bunker secret de la Bundesbank

 

Sources: AFP, géo magazine et NUMISMAG

 

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