Interview de Giovanni Van De Velde nouveau commissaire des Monnaies belge

Au cours de l’été 2022, Monsieur Giovanni Van De Velde a été nommé commissaire des monnaies, suite au départ à la retraite de son prédécesseur, Madame Van Herzele. Il est donc le nouveau PDG de la Monnaie Royale de Belgique. NUMISMAG a profité de sa récente nomination afin de d’aborder avec lui  la manière dont il perçoit son nouveau poste, quelques semaines après sa nomination.

NUMISMAG: Monsieur Van De Velde, quel est votre parcours académique?

Giovanni Van De Velde: J’ai obtenu mon master en sciences commerciales à la HUB de Bruxelles (maintenant KU Leuven) où j’ai choisi la spécialisation Finance & Risk Management. Cela m’a donné une vue d’ensemble des instruments financiers, de l’analyse, de la comptabilité de gestion, de la gestion de portefeuille et de la gestion des risques (financiers).

Le sujet de mon mémoire était de déterminer l’impact économique de la course cycliste Tour des Flandres.

NUMISMAG: Quel a été votre parcours professionnel avant d’intégrer la Monnaie Royale de Belgique?

Giovanni Van De Velde: Après mes études, j’ai commencé à travailler comme conseiller en investissements et en assurances pour une banque. Après six belles années, je suis passé du secteur privé au secteur public. Au sein de la Trésorerie, l’une des Administrations générales du SPF Finances, je suis devenu le comptable du Fonds Monétaire. La mission du Fonds Monétaire était de financer et de garantir les pièces émises (y compris la gestion de la contre-valeur des pièces en circulation) et de financer la Monnaie Royale de Belgique (MRB).

NUMISMAG: Pourquoi avoir choisi de travailler pour la MRB ?

Giovanni Van De Velde: En raison de la réorganisation prévue de la Monnaie Royale de Belgique, dans le cadre de laquelle le Fonds Monétaire a été supprimé et ses fonctions intégrées à la MRB à partir de 2018, j’ai rejoint la MRB en 2017 en tant que soutien au management du Commissaire des Monnaies, Mme Van Herzele, en plus de la gestion du Fonds Monétaire.

Equipe de la MRB, avec de gauche à droite: M. Nathan Boes (soutien management), M. Van De Velde, Mme Ingrid Van Herzele (ancien Commissaire des Monnaies) et M. Peter Vanhove (responsable labo)

NUMISMAG: Quelle a été l’évolution des missions dont vous avez eu la charge au sein de la MRB?

Giovanni Van De Velde: Au début, j’ai cogéré l’intégration du Fonds Monétaire au sein du la MRB. A partir de 2018, j’ai été chargé de coordonner l’exécution des cahiers des charges pour la frappe, la commercialisation et la destruction des pièces. En outre, j’étais membre de certains groupes de travail européens pour y représenter la MRB ou la trésorerie belge, et je suis en contact étroit avec la Banque nationale de Belgique. La négociation de contrats bilatéraux d’échange des pièces de monnaie avec d’autres pays de la zone euro faisait également partie de mes attributions.

En outre, le soutien au Commissaire des Monnaies s’est également élargi au fil des années.

La Banque nationale de Belgique a créé en 2021 le Comité National Retail Payments Committee, auquel je participe en ce qui concerne les dossiers cash. Pour le sous-groupe des pièces de monnaie, je suis le président. Le groupe de travail donne l’occasion de discuter de sujets importants avec de nombreuses parties prenantes et d’améliorer la coopération et les contacts mutuels.

Depuis le 1/8/2022, je travaille comme Commissaire des Monnaies et je suis chargé de la gestion quotidienne de tout le service MRB, y compris le CNAC belge et le bureau de la garantie. La présence dans les groupes de travail (internationaux) dont faisait partie mon prédécesseur, a été reprise.

Giovanni Van De Velde, nouveau commissaire des monnaies belge depuis août 2022

NUMISMAG: Avez-vous participé au choix de la KNM pour le marché de frappe des monnaies de collection et de circulation ? Quels sont les critères qui ont guidé votre choix à l’époque ?

Giovanni Van De Velde: En appui au service des marchés publics, j’ai collaboré à la rédaction de cahiers des charges pour l’externalisation de la frappe de monnaie, la production et la commercialisation de pièces de collection et la destruction de pièces de monnaie impropres à la circulation au profit et sous la surveillance de la Monnaie Royale de Belgique.

Le fait que la Monnaie Royale Néerlandaise ait finalement remporté le contrat est le résultat d’un processus objectif au cours duquel les soumissionnaires pouvaient présenter leurs offres. Il n’y avait donc pas de place pour indiquer ou inclure leurs propres souhaits et préférences.

NUMISMAG: Luc LUYCX vient de prendre sa retraite. Quel regard avez-vous sur un graveur que beaucoup considèrent parmi les collectionneurs comme le «père de l’euro»?

Giovanni Van De Velde: J’ai toujours eu un bon contact avec Luc Luycx depuis que j’ai rejoint la MRB. Nous avons souvent discuté des dessins qu’il a réalisés puisque la production était externalisée. Il m’a donné les informations techniques nécessaires à la réalisation des dessins, mais aussi à la production des poinçons et au processus de production. J’ai toujours eu énormément de respect et d’admiration pour Luc et je suis heureux d’avoir pu travailler avec lui pendant plusieurs années encore. Il a également toujours dit qu’il avait le sentiment de pratiquer son hobby tous les jours pendant les heures de travail. Et cela se voyait à la passion avec laquelle il se lançait dans les projets. Pour votre information, le dessin de mon poinçon est également de Luc. C’est d’ailleurs sa toute dernière création qu’il a livrée cette année.

Le nouveau différent monétaire du commissaire des monnaies belge

NUMISMAG: Il est remplacé par Iris BRUIJNS, une jeune artiste belge. Sera t’elle chargée de l’intégralité du design des pièces belges de circulation et pour collectionneurs? Une partie du programme sera t’elle «outsourcé» auprès de graveurs indépendants extérieurs à la MRB?

Giovanni Van De Velde: Il est prévu qu’Iris Bruijns soit le designer de la Monnaie Royale de Belgique pour tous les futurs dessins de la MRB. Des concours de conception spécifiques ne sont pas envisagés actuellement.

NUMISMAG: La France a changé le design de ses pièces de 1 et 2€ en 2022. En Belgique, les changements de designs effectués correspondent à un changement de souverain. Dans un avenir plus ou moins proche, envisagez-vous des changement de design sur les faces nationales de la série divisionnaire circulante annuelle?

Giovanni Van De Velde: Aucune modification du dessin de nos pièces en euros n’est prévue.

NUMISMAG: Avez-vous déjà bouclé le programme numismatique belge 2023? Pouvez-vous nous indiquer une ou deux thématiques de ce programme (avec un visuel)?

Giovanni Van De Velde: Les thèmes pour l’année 2023 ont été soumis à l’approbation du Ministre des Finances. Nous préparons actuellement le décret royal qui autorisera l’émission de ces pièces. L’objectif est de parvenir à la signature et à la publication du Moniteur Belge au cours de la deuxième moitié de janvier. Dès lors, nous communiquerons également sur le programme annuel 2023.

NUMISMAG: Pouvez-vous nous indiquer les tirages des monnaies circulantes par valeur faciale pour les années 2020-2021 et 2022 ?

Giovanni Van De Velde: Le tirage des pièces de circulation, émises en 2020/2021/2022 sont les suivants:

NUMISMAG: Une société sans cash, vous y croyez ?

Giovanni Van De Velde: Personnellement, je suis convaincu que notre société fonctionnera de plus en plus avec des paiements électroniques. L’augmentation considérable des diverses options de paiement électronique et l’impact de la pandémie de Covid-19 sur notre système de paiement montrent déjà aujourd’hui que nous nous dirigeons vers une société avec beaucoup moins d’argent liquide. Pourtant, l’argent liquide aura toujours sa place. Cela est aussi clairement visible en Suède, où l’utilisation de l’argent liquide a été réduite au strict minimum, mais où l’on assiste aujourd’hui à un contre-mouvement où l’on s’efforce de maintenir l’accès à l’argent liquide.

Les plus grandes banques suédoises sont tenues de fournir certains services de caisse sur l’ensemble du territoire suédois à compter du 1er janvier 2021. L’objectif est de garantir un certain niveau minimum d’accès aux services en espèces pour les consommateurs et les entreprises. Les banques doivent fournir des comptes de paiement de base avec des fonctions de base aux consommateurs et sont obligées de fournir des places pour les retraits d’espèces.

Sources: Monnaie Royale de Belgique et NUMISMAG