Belgique: fermeture de l’atelier monétaire et vente des stocks résiduels

Belgique: fermeture de l’atelier monétaire et vente des stocks résiduels

La Monnaie de Belgique, du moins l’atelier monétaire, fermera ses portes le 1er janvier 2018. On ne sait pas encore ce qu’il subsistera des services administratifs de la Monnaie, mais il faudra bien commander les monnaies futures à des prestataires extérieurs. En tout état de cause, l’administration centrale belge planche sur la reconversion des anciens salariés de la Monnaie de Belgique. Cette fermeture ne devrait se traduire par aucune mesure de licenciement sec.

Cette fermeture de l’atelier de la Monnaie de Belgique est guidée par des impératifs économiques de rentabilité. Depuis longtemps la Commission Européenne cherche à rationaliser la production des coupures métalliques euro. Les banques centrales nationales ont mis en place un système de cessions des stocks de surplus entre elles. Le nombre de pièces mises en circulation est passé de 770 millions en 2001 à 65 millions en 2015.

Le « cash payment system » a de moins en moins besoin de pièces, devant le succès croissant des moyens de paiements dématérialisés. Cette fermeture de l’atelier monétaire devrait permettre une économie annuelle de 2.1 millions à l’Etat Belge. Elle fait naître un regret et une interrogation sur la portée au moins symbolique de cette fermeture.

 

Facade et entrée de la Monnaie Royale de Belgique Boulevard Pachéco 32,  Bruxelles

 

Un regret tout d’abord parce que la Monnaie de Belgique n’a pas frappé des pièces que pour la Belgique, loin s’en faut. On clôt ainsi un chapitre de l’histoire de la frappe monétaire mondiale. En effet, la Monnaie de Belgique a frappé des pièces de monnaie dans son histoire récente, entre 1785 et 2013, pour plus de 23 pays. On compte bien entendu parmi ces pays des pays européens tels que le Luxembourg (avant le passage à l’euro) mais aussi des pays plus exotiques comme le Pérou ou Haïti.

La France a également été un client de l’hôtel des monnaies belge et s’est approvisionné auprès de ce dernier en flans monétaires et en monnaies frappées (flans et pièces de 50 centimes MORLON 1937 – flans de 5 francs LAVRILLIER 1939).

 

 

Atelier de la Monnaie de BELGIQUE 

Cette fermeture crée aussi une interrogation sur la portée symbolique de cette décision. Un état qui se dessaisit de la frappe de sa monnaie alors qu’il disposait de l’outil industriel adéquat, est il encore un Etat souverain?

On nous objectera que les différents monétaires belges subsisteront et seront frappés sur les pièces livrées par les sous-traitants intervenant en lieu et place de la Monnaie de Belgique. En outre d’autres Etats européens tels que Malte ou Chypre ne disposent pas de leur propre atelier monétaire. Certes, mais ces pays n’ont jamais eu de toute manière un atelier monétaire dans leur histoire contemporaine et ont été tributaires du Royal Mint pour l’un et de la Banque de Grèce pour l’autre. Cela peut sembler d’autant plus paradoxal par rapport à la Lituanie, un des derniers pays entré dans la zone euro et ayant adopté l’euro.

Ce pays est indépendant depuis 1991. Il s’est doté très rapidement d’un hôtel des monnaies, suite à son indépendance. Cela traduit bien une affirmation de souveraineté nationale par les autorités locales. Une monnaie reste un signe physique de souveraineté, peut être le plus tangible.

L’interrogation porte aussi sur le sort qui sera réservé plus particulièrement à l’un des graveurs de la Monnaie de Belgique, LUC LUYCKX.

LUC LUYCKX, père de la face commune des pièces euro circulantes

En effet, ce dernier n’est pas n’importe quel graveur. Chaque européen porte sur lui au moins une pièce gravé par ce dernier. C’est en effet le dessin proposé par ce graveur qui a été retenu pour la face commune de toutes les pièces euros de circulation, depuis 1999 (premier millésime de pièces euros de circulation).

L’un des pères de l’euro se voit donc potentiellement imposer une reconversion professionnelle et pourrait  quitter le secteur régalien de la frappe de monnaies pour des motifs d’économies d’échelles…Tout est dit!

Un reportage sur la fermeture de la Monnaie de Belgique a été mis en ligne.

Pour les collectionneurs, à l’occasion de la fermeture de l’atelier monétaire, la Monnaie de Belgique procède à des ventes exceptionnelles de ses stocks résiduels:

A partir du 19 juin dernier, la MRB vous a proposé déjà une première partie de son stock de pièces de collection via son webshop. La vente à été un vrai succès et s’est terminée fin juillet. Nous vous remercions pour votre intérêt et vos commandes. Une deuxième phase de vente des stocks suivra début septembre, suivi fin septembre d’un dernier lancement de nouveaux produits. » 

NB: Mise à jour du 01/09/2017.

Le site de la MRB précise depuis début septembre que les 4, 5 et 6 octobre, entre 9h et 15h,les collectionneurs auront la possibilité d’acheter les nouvelles émissions et les produits du stock à la MRB, Boulevard Pachéco 32, 1000 Bruxelles. Il faudra donc vous déplacer à Bruxelles,  si vous souhaitez acquérir une partie du stock résiduel de la MRB.

Par ailleurs, la Webshop de la MRB fermera définitivement ses portes le 25 octobre 2017.

Source: NUMISMAG et Monnaie Royale de Begique.

Bibliographie:

  • Koninglijke Munt Van Belgie – Buitenlandse Muntslag in Brussel (1785-2013) van Didier Vanoverbeek – éditions KMB.
  • Centralbanking.com

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