Inde : les suites internationales inattendues du retrait des billets de 500 et 1000 roupies

Inde : les suites internationales inattendues du retrait des billets de 500 et 1000 roupies

Dans un précédent article, NUMISMAG vous avait rapporté la brusque décision du gouvernement indien de retirer de la circulation les coupures de 500 et 1000 roupies en fin d’année 2016 (voir article ici).

Cette décision avait conduit à des mouvements de foules devant les établissements bancaires. En effet, la population indienne est majoritairement sous-bancarisée et les épargnants indiens ont donc plutôt comme habitude de thésauriser à domicile leur épargne, sous forme de grosse coupures. Mais il n’y a pas que la population indienne qui a été touchée par cette mesure.

Les pays voisins qui commercent régulièrement avec l’Inde ont été également concernés. Il en est ainsi des Népalais dont beaucoup détiennent en effet des devises indiennes sous forme de coupures de 500 et 1000 roupies, aujourd’hui démonétisées.

Les experts des deux gouvernements se sont rencontrés à plusieurs reprises afin de solutionner ce problème qui pèse sur la collaboration économique que les deux états ont mis en place depuis plusieurs années.

 

Nouvelle coupure de 2000 roupies émise en 2016 pour remplacer les billets démonétisés

Le premier ministre indien Monsieur Modi a d’ailleurs rencontré son homologue népalais, Monsieur OLI, le 07 avril 2018. Cette question devait être notamment évoquée au cours de cette rencontre. A l’issue de celle-ci, il apparaît qu’aucune position officielle n’a été validée dans le compte rendu qui en a été fait à la presse selon le quotidien KATHMANDOU POST. Personne ne sait donc si et quand le gouvernement indien acceptera d’échanger les anciennes coupures de 500 et 1000 roupies contre des coupures ayant toujours cours légal en Inde. Cette question se pose aussi avec d’autres états limitrophes de l’Inde, dont la population détient également des grosses coupures indiennes de 500 et 1000 roupies.

Autre difficulté signalée par la presse indienne, certaines délégations diplomatiques se plaignent des restrictions sur les retraits de cash qui leur sont imposées dues au «banknotes shortage» (pénurie de billets de banque), après le retrait de la circulation des billets de 500 et 1000 roupies en octobre 2016. La délégation russe invoque en particulier de très grosses difficultés dans le fonctionnement des ses activités quotidiennes du fait de ce rationnement en coupures monétaires.

Mais d’autres conséquences internationales ont été générées par cette décision.

Les autorités monétaires indiennes ont ainsi annulé une commande de papier fiduciaire conséquente. L’objectif du gouvernement indien est de promouvoir les paiements dématérialisés face aux espèces et une chaîne de fabrication des billets de banque 100% indienne.

L’information a secoué le milieu feutré des fabricants de billets de banque. À l’automne 2017, les autorités monétaires indiennes ont contacté leurs fournisseurs étrangers pour annuler d’un tiers à la moitié d’une commande de 27.000 tonnes de papier fiduciaire. La vente avait été conclue quelques semaines après la démonétisation des billets de 500 et 1000 roupies.

Du fait de la démonétisation express des coupures de 500 et 1000 roupies, la filiale de la banque centrale indienne en charge de l’impression des billets de banque a du passer une commande en toute urgence afin de faire face à la demande de coupures à l’échange. Le tout dans un contexte où le gouvernement indien veut «indianiser» la fabrication de billets de banque indiens.

Pire encore pour les fournisseurs européens, The Indian Express a précisé que la BRBNMPL avait demandé, le 2 avril 2018, la destruction des stocks non livrés pour des raisons de sécurité.

Cependant, les sociétés concernées, une dizaine environ, rechigneraient à s’exécuter parce que la partie de la commande qui a été annulée n’aurait pas été réglée.

Deux entreprises en particulier auraient été touchées, le français Arjowiggins Security et le suisse Landqart. La première, filiale de Sequana et spécialisée dans la fabrication de billets de banque, est en cours de cession (nos éditions du 11 avril).

Quant à Landqart, en septembre 2017, cette société suisse était une filiale du groupe canadien Fortress Paper. Lorsqu’elle a reçu l’avis d’annulation, elle a perdu 16 % de son carnet de commandes de l’année 2017 et 30 % de celui de 2018 selon Fortress Paper. Du coup, le 20 décembre, le groupe a annoncé la vente de Landqart à la Banque nationale suisse et au groupe helvète Orell Füssli pour 21,5 millions de francs suisses (18 millions d’euros). Le gouvernement souhaite lui aussi préserver une chaine de fabrication du billet de banque 100% suisse, l’impression sécurisée étant jugée par ce dernier comme un secteur très sensible et stratégique (voir article NUMISMAG).

Le retrait soudain des deux billets a généré beaucoup de difficultés à la population indienne et l’activité économique du pays en a subi les effets pendant des mois. Cependant, de l’avis des experts de la banque centrale indienne, la phase la plus difficile a été passée et la croissance économique est de nouveau au rendez-vous.

Il n’en demeure pas moins que le pays n’a pas encore réglé toutes les difficultés nées de cette décision et que les répercutions internationales restent notamment en suspend.

Source : KATHMANDOU POST, LE FIGARO et NUMISMAG©.

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