La Monnaie de Paris, de nouveau en expansion…

La Monnaie de Paris, de nouveau en expansion…

Le nouveau Président Directeur Général de la Monnaie de Paris, Marc SCHWARTZ dirige l’institut depuis 10 mois. Nous sommes allés à sa rencontre et vous proposons son interview exclusive!  Avant son arrivée, la Monnaie de Paris était passée par une période difficile, mais des bonnes nouvelles succèdent aux moins bonnes. En effet, si la Monnaie affichait en 2017 un déficit de 12 millions d’euros avec une baisse de son chiffre d’affaires de 17 %, l’année 2018 a présenté un résultat encourageant de 2 millions d’euros, et pour 2019 et 2020, de nouvelles perspectives ont été mises en lumière. 
Nos remerciements à Monsieur SCHWARTZ pour nous avoir accordé cette entrevue.

 

Quelles sont les orientations que va prendre la Monnaie de Paris pour consolider son modèle économique ? Est-ce en misant sur une diversification de son activité ou en investissant dans d’autres domaines ?

Marc SCHWARTZ : La Monnaie de Paris est confrontée à une transformation profonde de son environnement et de ses marchés. Nous devons composer avec une baisse tendancielle des commandes de monnaies de circulation de la part de l’État. Dans le contrat pluriannuel signé en 2018 avec la Monnaie, l’État a décidé de baisser de 5% par an ses commandes jusqu’en 2022. Cette baisse pourrait s’accélérer si les besoins continuent à faiblir. En dix ans, la commande de l’État a déjà baissé de 50%. Fin 2019, nous devrions avoir frappé 646 millions de pièces à Pessac ; pour mémoire, au moment du passage de l’Euro, la Monnaie de Paris a frappé jusqu’à 2,5 milliards de pièces par an !

L’export a considérablement augmenté ces dernières années. L’année dernière, et pour la première fois, Pessac a frappé plus de pièces pour l’exportation que pour le marché intérieur : 711 millions de pièces pour le Trésor français contre 800 millions de pièces pour l’export. Pour 2019, les ventes à l’export seront très bonnes avec environ 600 millions de pièces frappées.

L’exportation de monnaies courantes est donc devenue un relais de croissance pour la Monnaie de Paris, et nous continuerons à investir dans ce domaine. La stratégie engagée il y a quelques années a porté ses fruits. Cela n’allait pas de soi du fait d’un environnement très concurrentiel : toutes les Monnaies en capacité de frapper des pièces courantes pour l’exportation sont très actives sur ce marché.

Pour pénétrer un nouveau marché, il faut parfois compter des années d’investissement commercial avant d’obtenir des commandes. Ainsi, nos équipes commerciales rendent visite à la Banque Centrale de l’Afrique Centrale, la BEAC, sans discontinuer depuis dix ans. Un investissement qui a porté ses fruits puisque la BEAC a repris ses commandes cette année.

 

Le gouverneur de la BEAC ainsi que son directeur de cabinet et son conseiller en visite à Pessac le 29 août dernier

 

Lorsqu’il y a un appel d’offres, nous avons face à nous nos homologues britanniques, canadiens, australiens, finlandais et parfois slovaques et polonais. Il y a donc une forte pression sur la compétitivité et les coûts.

 

Va-t-on voir des évolutions dans les choix des thèmes traités dans les prochains programmes monétaires de La Monnaie ?  Par exemple en développant des collections plus ciblées pour les collectionneurs et le grand public.

Marc SCHWARTZ : Chaque année nous créons l’actualité avec de nouveaux thèmes innovants. La force de la Monnaie de Paris réside dans la qualité de ses produits et la réputation de sa marque dans le monde entier. Je suis impressionné par la force de la marque Monnaie de Paris, notamment en Allemagne, aux États-Unis ou en Asie. Cette année, nous avons reçu cinq prix au World Money Fair à BERLIN, sur les douze qui ont été attribués !

Faire de très bons produits c’est une chose, mais l’impératif absolu est de réaliser des créations qui permettront d’intéresser un large public. Nous travaillons donc sur des produits plus ciblés et devons être davantage à l’écoute des collectionneurs, avec un dialogue plus régulier avec eux, par l’intermédiaire des revendeurs, des associations et des clubs. C’est une priorité que j’ai fixée aux équipes commerciales de la Monnaie, et qui donnera lieu à des initiatives avant la fin de l’année.

Sur le plan international, cela passera aussi par l’adaptation de nos produits pour nos collectionneurs étrangers. Par exemple, sur la collection D-Day en Or « fairmined » lancée le 6 juin 2019, le dessin des pièces a été adapté pour l’exportation. A partir de la version dédiée au marché intérieur, une seconde version a été personnalisée pour l’exportation, la variante concerne les modèles d’avions représentés et le choix des drapeaux nationaux représentatifs de la guerre. Nous allons continuer dans cette voie.

 

 

 

La Monnaie de Paris a montré sa réactivité en réalisant dans des délais très courts, la médaille et mini-médaille Notre dame, ainsi que la médaille de la victoire de l’équipe de France de Football. Sont-elles des exceptions ou le principe de raccourcir les délais de réalisation devient-il une tendance de fond ?

Nous devons être très réactifs et coller aux événements. Le rôle de la Monnaie de Paris n’est pas seulement de célébrer des événements historiques, mais aussi de créer du lien autour d’événements qui rassemblent, qu’ils soient joyeux comme la Coupe du monde football, ou tristes, comme le drame de Notre Dame.

Nous avons participé à la collecte de fonds en émettant notamment une médaille en bronze frappée à 999 exemplaires et dont le tirage a été épuisé en 48 heures. C’est un record : jamais une médaille de collection grand public n’avait été vendue aussi rapidement !

Le tirage suivant réalisé en 2019 exemplaires est aussi pratiquement déjà épuisé. Nous avons donc montré notre capacité à réagir très vite à des évènements totalement imprévisibles. C’est une grande force.

 

 

 

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La monnaie va elle faire évoluer ses canaux de vente pour les pièces de collection ? Pour toucher une clientèle plus jeune et plus large et plus internationale ?

La clientèle internationale passe principalement par nos revendeurs internationaux. En France, nous touchons des cibles différentes grâce à plusieurs canaux de distribution : notre boutique du Quai de Conti et le e-commerce d’une part et nos revendeurs et les bureaux de Poste d’autre part. La médaille de Notre Dame s’est vendue à plus de 90% par le biais de nos canaux de vente directs (boutique et vente à distance). Nous réfléchissons à la meilleure façon d’atteindre nos principales cibles de clientèles et aux meilleurs canaux de vente à mobiliser pour les toucher. L’outil numérique est un bon moyen pour élargir notre clientèle.

 

Concernant le pôle culturel de La Monnaie, allons-nous voir une continuité ou plutôt une réorientation dans sa programmation, par exemple avec un choix d’artistes plus en lien avec le travail du métal ?

Nous avons une programmation qui est déjà en lien avec le travail du métal, comme par exemple les artistes Thomas Schütte ou Subodh Gupta. A l’automne 2019, la Monnaie de Paris présentera la première exposition personnelle de l’artiste américaine Kiki Smith qui est numismate et qui a dessiné des médailles et des bijoux à cette occasion. J’invite les lecteurs de Numismag à venir découvrir cette artiste originale et inspirée à partir du 18 octobre au 11 Quai de Conti !

 

Vous avez récemment investi dans une unité de colorisation de monnaie, avez vous prévu d’autres investissements à Pessac ?

Il y a des investissements industriels tous les ans à Paris comme à Pessac ! En effet, nous avons investi récemment dans deux unités de tampographie. Nous sommes très satisfait des résultats. La pièce de 50 € colorisée avec cette technique qui fait partie de la collection Pièce d’Histoire représente déjà un beau succès de vente. Nous avons également ouvert une ligne de galvanoplastie qui permet de faire du cuivrage sur les pièces. Cette unité de production existait dans le passé mais avait été arrêtée.

Nous avons également installé à Paris un four dit « PVD » qui permet de chromer et donc de durcir les outillages pour prolonger leur durée de vie. Nous ré-internalisons des procédés de fabrication et retrouvons ainsi une souplesse de production, une meilleure réactivité, tout en faisant des économies. Dans quelques semaines, un nouveau laser à gravure profonde sera installé Quai de Conti : il permettra une réalisation plus rapide des outillages des monnaies et médailles.

 

Sources : Monnaie de Paris NUMISMAG©

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