
Les futurs défis de la Monnaie de Paris et de son nouveau Mintmaster, Aurélien ROUSSEAU
- juillet 21, 2017
- par
- Pierre



Aurélien Rousseau, 41 ans, est le nouveau PDG de la Monnaie de Paris depuis le 01 avril 2017. Il était auparavant conseiller social du premier ministre Bernard CAZENEUVE. Professeur puis énarque, Monsieur ROUSSEAU a également travaillé au sein du cabinet du maire de Paris, pendant plusieurs années.
(sur la photo de gauche à droite : Joachim Jimenez et Aurélien Rousseau)
Il prend en main un établissement public à caractère industriel et commercial (EPIC) qui emploie prés de 500 salariés et réalise un chiffre d’affaires, tous secteurs d’activité confondus, de 140 millions d’euros. En 2016, la MDP a également réalisé un bénéfice de 6 millions d’euros. Un certain nombre de défis devront être relevés dans les 5 prochaines années par le nouvel homme fort du quai Conti.
Tout d’abord, l’établissement public doit faire face à une baisse récurrente des commandes de l’Etat en matière de pièces de circulations. Plus inquiétant encore, on pressent se profiler à l’horizon l’abandon de la frappe de pièces de 1 et 2 cents pour la circulation, au niveau européen. Après la Finlande, la Belgique, l’Irlande et les pays-Bas, l’Italie envisage de mettre fin à la production de ces deux petites valeurs faciales à compter du 01/01/2018 (cf article NUMISMAG, « le Chant du cygne pour les pièces de 1 et 2 cents en Italie en 2018 »). C’est le premier grand pays de la zone euro à prendre cette décision.
Cependant, le nouveau PDG de la Monnaie de Paris a insisté, lors de la présentation officielle du programme monétaire 2018 du 05/07/2017, sur le fait que la commande de l’Etat pour le prochain plan quinquénal ne serait pas en baisse. Elle serait en cours de stabilisation, ce qui répond implicitement par la négative à la question de savoir si la France arrêtait la frappe des pièces de 1 et 2 cents.
Car ces deux valeurs constituent le contingent de pièces le plus frappé depuis le passage à l’Euro en France à l’usine de PESSAC. C’est donc un enjeux économique non négligeable pour la MDP.
De plus, le précédent PDG de la Monnaie de Paris n’était pas parvenu à faire passer son idée d’une pièce de 5€ de circulation, venant remplacer le billet de la même valeur faciale. Cela pourrait être une issue à la fin de la frappe des pièces de 1 et 2 cents pour la circulation si le nouveau dirigeant de la Monnaie de Paris parvenait à faire adopter cette idée. Nul doute que dans ce combat, il pourrait compter sur l’appui d’autres mints européens, tels que les mints allemands.
Mais le monde de la numismatique connait une mutation soutenue vers le secteur des bullions coins. La monnaie d’Autriche a réalisé près d’un milliard d’euro de chiffre d’affaires en 2015, grâce à la vente des pièces en or et en argent de la série « Vienna Orchestra ». En 2016, La Royal Mint anglaise, l’US mint, la Monnaie du Canada ou encore la Monnaie d’Australie ont enregistré des ventes records de bullion coins. Pour beaucoup d’investisseurs, le bullion coin est un instrument de thésaurisation qui marque aussi une forte défiance vis-à-vis du système bancaire. Or, pour le moment, la Monnaie de Paris est totalement absente de ce marché et a confirmé lors de la réunion du 05/07/2017 ne pas souhaiter s’engager sur ce marché.
Le marché de l’Euro de collection est en baisse sensible depuis 2011. Dans le milieu de la numismatique traditionnelle, les effets de la crise de 2008 n’ont été que tardivement ressentis, trois ans après la crise financière. Une nouvelle dynamique doit donc être trouvée autour de la collection phare des pièces de 2€ commémoratives.
Le précédent PDG de la Monnaie a fortement développé la frappe de monnaies de circulation pour des états hors zone européenne, tels que l’Arabie Saoudite. Dans un passé récent, la Monnaie de Paris a frappé des euros pour d’autres états européens de la zone euro, tels que Malte ou le Luxembourg. La disparition de l’hôtel des monnaies belge en 2018 ouvre un marché sur lequel la MDP pourrait se positionner.
Enfin, la transformation de l’EPIC en société anonyme à capital public est un dossier que le nouveau PDG de la MDP a dû retrouver sur son bureau à son arrivée.
Monsieur ROUSSEAUX a confirmé à NUMISMAG que la MDP avait renouvelé ses engagements avec la « cité de la finance et de l’économie », l’espace muséal et d’exposition, mis en place à compter du 01/01/2018 par la Banque de France. On peut donc espérer la mise en place d’événements numismatiques, projets communs aux deux institutions, dans ce futur site de la Banque de France.
Bref beaucoup de défis ou d’opportunités (au choix) à relever au cours de son mandat pour le nouveau dirigeant d’une des plus vieilles institutions françaises, la Monnaie de Paris.
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