En vertu des plus anciens textes la mentionnant, la Monnaie de Paris, fondée au IX^e siècle par Charles le Chauve, est la plus ancienne institution française. L’Hôtel de la Monnaie de Paris compte également parmi des plus beaux monuments néoclassiques du XVIII ^ème siècle. Il fut construit à la demande du roi Louis XV, entre 1771 et 1777, pour y abriter les ateliers parisiens de fabrication monétaire. Chef d’œuvre de l’architecte Jacques-Denis Antoine (1733-1801), l’hôtel monétaire a connu ensuite plusieurs évolutions importantes. Ainsi en 1806, l’atelier de frappe des médailles, qui se trouvait jusqu’alors au Palais du Louvre, a été déménagé quai de Conti.

Depuis 1973, son activité est répartie sur deux sites. Les monnaies courantes – dont les euros – sont produites à Pessac, en Gironde, alors que les objets d’art, les médailles et les monnaies en métaux précieux sont toujours fabriqués dans les bâtiments du XVIII ^ème siècle de Jacques-Denis Antoine, 11 quai de Conti, à Paris.

Au sein de ce bâtiment se trouve le médaillier et ses collections. Bien que le grand public connaisse par le biais du musée ou des expositions temporaires une partie de ses collections, le médailler lui-même est méconnu car fermé au grand public. Seul les personnels de la Monnaie, les universitaires et chercheurs, les Banques Centrales et certaines institutions françaises et étrangères y ont accès sur demandes motivées.

Un grand merci à Dominique Antérion, Responsable des collections historiques de la Monnaie de Paris, de nous avoir ouvert les portes de ce lieu emblématique. Grâce à lui, nous allons vous faire découvrir son histoire et quelques un de ses trésors.

 

Le médaillier de la Monnaie de Paris

 

Quelle est l’origine du médaillier de la MDP

Dominique Antérion – Le médaillier remonte à la Cour Royale des Monnaies. Un état de la collection en est fait en 1832, permettant de juger déjà de la richesse de la collection. La Commission des Monnaies prend le relais de sa gestion au début du 19 ^ème siècle. Emblématique sera la création officielle en 1832, par le roi Louis-Philippe, du musée monétaire installé dans la salle Guillaume Dupré ⁽¹⁾ et les galeries attenantes. Répondant au nom de musée monétaire, il est formé à partir du médailler de la Cour des Monnaies et du fonds d’outillages et de médailles qui jusqu’à présent se trouvait logé au palais du Louvre au sein de la Monnaie des Médailles.

La salle Dupré au XVIII ème siècle – La Cour des monnaies y tenait ses séances

La salle Dupré

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Cette salle d’apparat, aux proportions monumentales porte le nom de Guillaume Dupré, qui fut l’un des grands sculpteurs et médailleurs français de la Renaissance. A l’origine la salle Dupré était un salon de réception où la Cour des monnaies tenait ses séances. Puis, à partir de 1778, elle devient aussi une salle de cours : Balthasar Georges Sage, de l’Académie des Sciences, y tient une chaire de chimie docimastique ayant pour objet de connaître la quantité et la qualité des métaux contenus dans les minerais. Des collections de minéralogie exceptionnelles, que Sage a mis plus de vingt ans à rassembler, sont alors exposées dans cette salle et à l’étage supérieur. Elles y resteront jusqu’à sa mort en 1824. Le musée Louis Philippe avec les collections du médailler lui succédera. De cette période demeurent en place les vitrines en acajou de cuba commandées à Jacques-Denis Antoine ainsi que l’inscription « Musée monétaire » en lettres d’or au dessus de la porte d’entrée.

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1- La salle Dupré en 1832 à l’époque du musée monétaire

2 – Une rare photo du musée monétaire de Louis Philippe dans La salle Dupré en 1899

 

L’essentiel des collections est alors exposé dans les vitrines du Musée Louis Philippe. Il faut dire qu’à cette période, la collection est à vocation industrielle et économique, au service des professionnels des monnaies et des médailles. Elle n’est pas véritablement orientée « patrimoine », encore moins grand public. La collection continuera dès lors de s’enrichir grâce à la Commission des Monnaies qui fait réaliser des versements réguliers. Un musée qui fait fait donc office tout à la fois d’exposition permanente et de réserve. Tout s’y accumulait conformément à ce qui se faisait partout à l’époque. On prônait l’exhaustivité de la visite bien plus que sa dimension pédagogique…ce qui n’est pas une critique de ma part d’ailleurs eu égard les tendances actuelles de la muséographie.

 

Une des vitrines du premier musée monétaire de Louis Philippe encore présentes au sein du médaillier. On peut apercevoir une de ses vitrines sur la gravure présentée ci-dessus en bas à gauche.

 

La collection est composée de référents monétaires pour la Cour des Monnaies et pour le Laboratoire des Essais. Les essais avaient pour but d’établir des comparaisons de poids et de titres, et de s’assurer de la validité des frappes faites notamment dans les autres ateliers monétaires français ainsi que comparer entre elles les frappes françaises et étrangères

Cette collection s’est enrichie de nombreux dons, mais aussi et surtout grâce au Dépôt Légal (monnaies et médailles) et au reversements d’ateliers (outillages, essais, prototypes). Grâce au conservateur des archives et des collections du musée de la Monnaie, Fernand Mazerolle (1868-1941) en activité à la charnière des 19^ème siècle et 20^ème, une politique d’acquisition systématique se met en place. Fernand Mazerolle, personnage emblématique, est notamment l’auteur d’un livre sur l’histoire de la Cour des Monnaies et des bâtiments de l’Hôtel des Monnaies et des collections qui fait référence encore de nos jours. De cette période datent de nombreux meubles médailliers que la Monnaie de Paris conserve encore. Parmi eux le Médaillier Arts Nouveaux qui, en raison de sa taille imposante n’a pas encore pu reprendre place Quai Conti.

Ancien meuble du Médaillier de la monnaie de paris, époque Art Nouveau

 

Riche d’une exceptionnelle collections de monnaies, de médailles et surtout d’outillages de frappes, le musée de Louis-Philippe péchait par sa présentation qui rebutait bien plus qu’il n’attirait. On doit à Jean Belaubre, Conservateur du Musée des Monnaies et Médailles entre 1960 et 1980, d’avoir réfléchi, conçu et fait aboutir un nouveau projet de musée qui ouvrira en 1988. Ce musée, totalement novateur, se trouvait au rez-de-chaussée de la cours d’honneur et occupait notamment l’ancien hall du grand monnayage, qui depuis a renoué avec sa vocation industrielle. Pendant la période Belaubre, de très nombreux achats de monnaies ont été faits dans le but de créer le discours du Parcours Permanent qu’il concevait alors avec ses collaborateurs Evelyne Robert, Jean-Luc Desnier et Jean Indrigo. Son affinité pour le moyen-âge a valu à la collection de s’accroître considérablement sur cette période il est vrai elle-même très riche, autant dans le domaine royal que dans le registre féodal, français comme étranger. Un accroissement qui allait bien au delà de ce qui devait être présenté. Ce font médiéval devenait une vraie base recherches. Aussi dans l’optique d’organiser dignement les collections Jean Belaubre fit concevoir en interne un médaillier monumental de quelques 1500 tiroirs ! Il demeura localisé en façade, à l’étage noble jusqu’en 2009. Le chantier Métalmorphose entamé en 2012 le condamnera, obligeant la Conservation des collections à en faire le méticuleux transfert chez CHENUE (société de transport et de stockage d’oeuvre d’art), à la Plaine St Denis. Pour avoir beaucoup pratiqué le médaillier lors de son externalisation, je ne remercierai jamais assez la Direction et les personnels de CHENUE pour leur professionnalisme et leur disponibilité qui contribua à rendre cet exil moins pénible pour l’équipe en place que j’intégrai alors pleinement.

 

Le nouveau médaillier et son nouveau mobilier

 

 

En juillet 2018 et après 7 ans de chantier du au projet MétaLmorphose, la Monnaie de Paris retrouve son médaillier historique. Nouveau lieu, nouvelle disposition ! Comment est il organisé ?

Dominique Antérion – Chaque module (meuble de 72 tiroirs) du médaillier a une thématique généralement chronologique et géographique. Les deux premiers sont consacrés aux monnaies antiques,(4000 pièces environs) Grecques, Gauloises, Ibériques, Romaines Républicaines puis Impériales, et byzantines. Le trésor gallo-romain des Authieux (conclus à l’époque de Dioclétien) occupe un module a lui tout seul.

Tiroir période 5ème république – essais bimétallique

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Double Statère d’or d’Alexandre – 4e siècle (deuxième moitié) MACEDOINE

 

STATERE PHILIPPE II 4e siècle av. J.C. MACEDOINE

Droit : Tête d’Apollon laurée, à droite R/ Bige passant à droite; sous les antérieurs : symbole en forme de cratère ?
Frappe au marteau – Poids en g : 8,58

 

En dépit de quelques exemplaires toute à fait remarquables, l’Antiquité n’est assurément pas notre point fort. Le fond médiéval, ancien mais grandement enrichi par Jean Belaubre, médiéviste, est bien plus remarquable. Il est composé de monnaies qui couvrent presque une dizaine de siècles. Sur le plan monétaire c’est une période fondamentale car tous les grands fondamentaux économiques se sont mis en place à cette période.

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Le fameux 1^er franc du roi Jean le Bon, dit franc à cheval de 1360
Droit : Roi coiffé d’un haume fleurdelisé, vêtu de lis, charge à cheval au caparaçon fleurdelisé vers la gauche, épée au clair dans la main gauche – Poids en g : 3,73 ; Module réel en mm : 29,5 – Ordonnance du 5 décembre 1360

On trouve dans cette collection médiévale toutes les monnaies royales et féodales Françaises, les médiévales d’Empire et des autres royaumes ou cités-Etat, des trésors comme celui de Beauvais, de Montmorillon ; Quatre meubles leurs sont dévolus.

Dans ce fond, on trouve également des monnaies féodales étrangères comme les bractéates (3) de l’Europe du nord jusqu’aux pièces Ecossaises, Portugaises, Espagnoles, d’Antioche, du Levant, le trésor de Parcé ainsi que le trésor d’Antioche intégralement conservé au médailler de la Monnaie de Paris..

 

Bractéate

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(du latin bractea, morceau mince de métal), désigne un type de monnaie ou de médaille, où l’empreinte est en relief sur la face et en creux sur le revers. Les bractéates sont apparus dès le V^ème siècle en Europe du Nord à l’époque de l’âge du fer germanique; de nombreuses pièces furent découvertes au Danemark, en Norvège, en Suède, en Allemagne et en Angleterre.

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La collection comprend bien évidemment une importante section de monnaies royales et féodales modernes du règne de Louis XII jusqu’à la Révolution. Parmi les pièces insignes, le franc de Sully, le double écu d’Henri IV , les piéforts de Louis XIII ou encore le magnifique écu Carambole de Louis XIV. Toutefois, et je me dois de le rappeler, la collection initiale, a été privée d’un grand nombre de ses trésors à la « faveur » du fameux décret de Napoléon III qui autorisait le cabinet des médailles de la Bibliothèques Impériale (actuelle BNF) à venir se servir dans les collections de la Monnaie. Ce qu’elle fit. C’est évidemment un grand regret, d’autant que la Monnaie s’est toujours mise un point d’honneur à exposer au mieux et au plus, la collection. Ce qui ne fut guère le cas de l’autre côté de la Seine où les monnaies en questions rejoignirent la pénombre des médailliers…

Vous pouvez voir également dans nos tiroirs nos listings de récolement qui renvoient à la base de donnée avec laquelle nous gérons la collection. Ma collègue, Sylvie Juvénal qui a bien connu Jean Belaubre et Jean Luc Desnier, mes prédécesseurs, en assure la bonne tenue et l’enrichissement documentaire. A terme une mise en ligne est prévue mais ceci demeure à développer. L’équipe, extrêmement sollicitée, est trop réduite pour cela actuellement.

 

Dans le médaillier se trouve un meuble à part, c’est le fameux..
médaillier italien de Napoléon Bonaparte

 

 

Histoire du médaillier de Napoléon Bonaparte

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Le 17 mars 1805, une délégation milanaise, conduite par François Melzi d’Eril, vice-président de la République italienne, se rendit à Paris apportant dans ses bagages au puissant Napoléon Bonaparte, un présent original, sous la forme d’un coffret-médaillier en acajou. Il renferme un ensemble de monnaies d’or, d’argent, de billon et de cuivre qui avaient circulé en Italie de 1528 à 1805. Ce coffret-médailler est en bois d’acajou « blanc » de Cuba. Depuis 1852 il repose sur un meuble-console réalisé à cet effet , en chêne d’Ile-de-France de style Empire. Ce meuble orné de deux griffons supporte une tablette sur laquelle est posée une cage de verre avec laiton et cuivre composée d’aigles et d’une couronne. Le dessous de la console comporte un globe astronomique enlacé des douze signes du zodiac surmonté d’un aigle en laiton aux ailes déployées. Avec le rabat ouvert, on trouve sept tiroirs à alvéoles qui renfermaient 221 monnaies, à savoir: 44 en or, 95 en argent, 59 en billon et 23 en cuivre. Ce médaillier a été légué à la Monnaie de Paris par Napoléon III en faisant concevoir une vitrine renfermant le coffret médaillier. Celui-ci était présenté dans le musée sous le second Empire. Il l’était encore jusqu’à la fermeture du précédent musée en 2012. Dégradé par un visiteur, il fait actuellement l’objet d’une restauration en interne et d’un projet – à termes – de présentation au public.  

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On trouve ensuite la collection de l’époque de la Restauration avec tous les souverains de la période, en pièces courantes comme en essais et pièces de concours. Même configuration pour les monnaies de la seconde république. A noter un un bel ensemble d’Henri V Comte de Chambord. Puis vient les fonds de l’Empire et de la 3^ème république très bien représentée, les pièces de l’état Français puis le fond de la 5^ème république qui continue bien évidemment de s’accroitre à la faveur du Dépôt Légal.

Le médailler possède également une collection de jetons de l’ancien régime, qui occupe 2 meubles entiers. Parmi eux les restes d’un cent de jetons des Payeurs des Rentes de 17XX. Ou encore de rare jetons d’or dont celui du sacre Louis XIV que nous avons décidé d’exposer dans la section « Jean Warin » du Parcours permanent.

 

 

Quelles sont les collections de pièces étrangères du médailler

Dominique Antérion – Les collections de monnaies étrangères du médailler couvrent, plus ou mains selons les zones – toutes les époques et tous les pays. Elles remontent à l’antiquité et nous emmènent jusqu’à nos jours. Notamment à la faveur du dépôt des monnaies étrangères que frappe la Monnaie de Paris dans le cadre de ces accords commerciaux.

Parmi les fonds remarquables on compte – je pense à la période XVème – XVIIIème siècles – les monnaies des cités états d’Italie, les Pays Bas, l’Angleterre mais aussi un remarquable fond germaniques ainsi qu’un très beau fond Suisse.

Le fond islamique est notable lui aussi avec par exemple un ensemble très représentatifs de pièces (courantes et essais) Tunisiennes depuis les origines jusqu’aux essais des célèbres pièces de Lagrange.

On citera aussi l’Asie du sud-est avec notamment une très belle collection de monnaies Indiennes et Vietnamiennes. Et le fond de monnaies étrangères contemporaines comme ceux de l’Océanie, du Pacifique et de l’Afrique.

Beaucoup de monnaies de la collection du médailler ont été publiées dans des catalogues. On peut citer la publication de Georges Depeyrot sur les monnaies antiques, les deux catalogues de Jean Belaubre sur les monnaies médiévales, ou encore ceux de Jean Indrigo sur la période la révolutionnaire et les Napoléonides qui suivirent. La publication en 1996 d’un catalogue des dernières acquisitions avait même donnée lieu à une exposition dans les salons du bord de l’eau et à un fort joli album auxquels participèrent de nombreux auteurs. Et parmi eux Christian Charlet à qui je tiens à rendre hommage ici.

 

Le médaillier impressionne aussi par la présence de fort belles balance de précisions. Pourquoi une collections de métrologie ici ?

Les collections de métrologie comprennent les balances de précisions qui permettaient au Laboratoire des Essais de jouer son rôle de contrôle et de vérification des titres et des poids. Parmi elles la balance du kilogramme étalon « n° 17 ». A l’époque où les monnaies étaient frappées avec des poids d’or et d’argent rigoureusement définis par les textes légaux, cette dernière a permis, en étalonnant les balances monétaires, de passer de la masse du kilogramme étalon aux reproductions de masse en usage dans les ateliers.

 

Balance du Kilogramme étalon n°17 (1879-1880)

 

Attribution par la convention du mètre du kilogramme à la Monnaie de Paris
Certificat du Comité International des poids et mesures

 

 

Le médaillier est riche également d’une belle collection de boites de Dénereaux et de poids monétaire de France et de l’étranger. L’ensemble a fait l’objet voici quelques années d’une publication en deux volumes d’Aimé Pommier Président de la société Française de métrologie.

 

 

Le médaillier possède aussi un remarquable fond de monnaies papier que vous avez récemment mis en valeur.

Près de 26.000 en effet, dont plus de 22.000 monnaies de nécessités des villes et des chambres de commerce ! La collection a fait l’objet d’un énorme chantier de collection (le plus grand mené en France en 2017) visant à inventorier, récoler, numériser et reconditionner chacun des billets ! Je souligne l’étonnant ensemble de planches (7000!) montées dès la fin de la première guerre mondiale, qui classe les billets par états et par ville. Ce fut un travail considérable pour celui qui le fit et dont nous ignorons tout, pour le moment du moins. C’est au moyen de ce fond que nous avons pu mettre sur pieds la première exposition dossier du musée du 11 Conti, « 14-18, la monnaie ou le troisième front » qui marqua à la Monnaie de Paris le Centenaire de l’Armistice de 1918. Voir l’article sur cette exposition>>

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Une énorme collection de monnaies de guerres pour la période 14-18

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Une grande quantité de billets de guerres ont été présentés après guerre sur des planche de papiers et fixés au moyen de bandelettes de papier japon. Cette présentation – témoin d’une époque – présente notamment l’avantage de mentionner planche après planche le nom des donateurs : Institutions Françaises et étrangères, particuliers, militaires, etc.

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50 centimes et 1 franc, billets de la Chambre de Commerce du Gers (Gers)
1914 (18 novembre)
Monnaie de Paris /collections historiques

 

 

Je ne saurai trop rendre hommage à la persévérance d’Axelle Janiak, jeune chartiste, qui pendant un an s’est attelée à mes côtés à ce gigantesque chantier.

Dans le fond de papier monnaie il faut aussi mentionner l’important ensemble d’assignats d’Etats et de villes, parfois en planches entières non découpées. L’occasion de rappeler que la Monnaie possède dans ses collection une presse à assignats de la plus insigne rareté. Notre souhait a été de la prêter à nos collègues de la Cité de l’Économie avec qui nous entretenons d’étroites relations.

 

Ensemble de Planches d’assignats

 

 

La dernière presse à assignats encore existante.
Elle a servit à l’impression des assignats de 2000 francs

 

Mesures : Hauteur : 1,86 m  / Largeur : 1,08 m  / Profondeur : 1 m / Poids : 235 kilogrammes

 

Matrice des assignats de 2000 francs

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Dans les collections du médaillier se trouve un étonnant Assignat en « soie » de 500 livres !

 

 

Petite histoire de l’Assignat en soie de 500 livres

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Le 31 juillet 1792, l’Assemblée Nationale publia un décret ouvrant un concours afin de perfectionner la fabrication du papier monnaie pour lutter notamment contre les faussaires dont l’activité devenait débordante. A cette occasion des soyeux de Lyon eurent l’idée de participer à ce concours et la maison Jolivet fut avec la maison Teste l’un des seuls à proposer un projet concrétisé par un assignat complet. La maison Jolivet accompagna ses échantillons d’assignats d’un prospectus avec la mention « Nouveaux moyens pour fabriquer les assignats de toute valeur qu’il sera impossible de contrefaire ».

L’Assemblé Nationale ne donnera pas suite à ce projet du fait de deux problèmes majeurs, le temps de fabrication et le coût qui en résulte.

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2 : Monnaie de carte. Au moment de la création de l’assignat en 1790, plus de 1 500 communes décident de faire face à la pénurie monétaire en imprimant sur des cartes à jouer la mention « Bon de confiance ». Cette monnaie de nécessité a coexisté avec de nombreux autres outils de paiement d’urgence (jetons en bronze, en carton, en porcelaine, etc.), le temps que les institutions monétaire révolutionnaires fabriquent des assignats en quantité suffisante.

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Comment s’est enrichie cette collection au fil du temps ?

Actuellement les principales sources d’acquisitions sont les dons. Récemment pendant le montage de l’exposition « 14-18 », la bibliothèque Forney a offert une série d‘affiches non inscrites sur leurs registres. Toutes liées aux emprunts et à la Campagne de l’or, avec notamment la célébrissime affiche d’Abel Faivre « Pour la France versez votre or » qui fut immédiatement exposée.

 

La célèbre affiche d’Abel Faivre
Pour la France, versez votre or – 1915

Monnaie de Paris /collections historiques

 

D’autres dons eurent lieu a peu près au même moment concernent des documents papiers liés aux emprunts et au versement d’or, ainsi que des frappes monétaires comme la fameuse 1 franc 1914 de Castel Sarrazin paradoxalement absente de la collections. Tout cela fut également immédiatement présenté au public car en cohérence parfaite avec notre exposition ! Moralité de cette histoire : On peut disposer d’essais parmi les plus rarissimes, alors qu’une pièce courante de la même année peut s’avérer manquante ! Pas vraiment étonnant si l’on se rappelle que la collection de la Monnaie étaient basée sur la notion de référence. Ainsi la conservation des essais de frappes a t’elle été privilégiée. Au même titre que les outillages pour lesquels nous conservons poinçon et matrices originaux tandis que les coins de services partaient, eux, à la destruction.

Encore plus récemment, il nous a été fait don de plus d’un millier de poids Akan liés à la culture Ashanti (2). Ils proviennent d’une collection privée et viennent compléter l’ancienne collection Henri Abel qui avait été léguée à la fin des années 70. Cette collection comporte beaucoup de poids figuratifs. Tout cela sera prochainement inventorié, numérisé et classé. Voir l’article sur l’exposition « Akans, les valeurs de l’échange »>>

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Poids Akan

 

 

Précisions sur les Ashantis

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Les Ashantis sont une population d’Afrique de l’Ouest vivant au Ghana. Ils font partie du grand groupe des Akans. Le sol Ashanti étant riche en or, ce métal est la base principale de leur civilisation. Les Ashanti utilisaient la poudre d’or comme monnaie d’échange. Les « poids traditionnels à peser l’or » sont célèbres. Ils étaient moulés à la cire perdue.

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Autre mode d’acquisition : le dépôt légal. Le musée de la Monnaie reçoit officiellement en dépôt un exemplaire de chacune des coupures frappées par la Monnaie. Le principe vaut pour les monnaies françaises courantes et de collection, ainsi que pour les monnaies étrangères frappées dans notre établissement de Pessac.

Par ailleurs, et depuis 2019, le médailler a rénoué avec un budget d’achats qui va nous permettre de nous relancer dans une politique d’acquisition, certes modeste, mais qui viendra, outre combler des lacunes dans la collection, renforcer nos capacités de contextualisation du fait monétaire, tant pour le Parcours Permanent que pour les expositions temporaires.

 

Le médaillier est-il sollicité pour des projets collaboratifs par des instituts français ou même à l’international ?

 

Une sélection de monnaies, de médailles, d’outillages et d’autres œuvres de la la collection est présentée au musée du 11 quai Conti, ainsi qu’à l’occasion d’expositions temporaires comme l’exposition « 14-18, la monnaie ou le troisième front ». Une partie de nos collections peut-être prêtée, comme par exemple pour l’exposition Henri II qui s’est récemment tenue au musée de Saint-Germain en Laye, et à laquelle nous avons confié monnaies et outillages de l’époque d’Henri II. Il en sera de même pour la future exposition consacrée au graveur et orfèvre Étienne Delaune (1518/1519 – 1583) qui se tiendra au musée de la Renaissance d’Ecouen à l’automne prochain 2019.

Nous avons aussi déposé des coins et des monnaies au musée de la Banque Centrale des Comores que nous avons contribué à mettre en place en décembre 2017, et que nous nous nous apprêtons à compléter prochainement, conjointement avec nos interlocuteurs comoriens. Nous avons des visites de Gouverneurs de banques centrales qui sont très intéressés par le médailler. Pour ces visiteurs clients ou potentiels clients de la Monnaie de Paris – il est passionnant de redécouvrir dans une perspective historique des monnaies de leurs pays. Nous avons la visite de chercheurs étrangers qui, découvrent nos réalisations, et parmi elles certains types d’essais qu’ils ne connaissaient pas. Tous cela contribue à asseoir la notoriété du lieu.

 

Comment est organisé votre temps à la Monnaie?

Dominique Antérion – Mon rôle est d’assurer la gestion tant pratique que scientifique des collections patrimoniales appartenant à l’Etat, et à l’Établissement Public. J’avoue m’occuper de tout et n’être spécialiste de rien ! Comment d’ailleurs pourrait il en être autrement vu la masse totale des collections que j’ai à gérer – plus de 400.000 objets et œuvres au total ! Parmi les missions régaliennes relevant de mes compétences, je citerai les taches d’inventaire, de récolement, de conservation préventive, d’enrichissement et de mise en accessibilité.

L’accessibilité des collections est un de mes credo ! Que ce soit par le renouvellement des vitrines du musée, l’organisation des expositions, ou la réponse, parfois longue j’avoue, aux innombrables demandes tant externes que internes (services commerciaux, marketing, etc). Tout cela me laisse hélas fort peu de temps pour la recherche. En somme j’assure la gestion de cette collection exceptionnelle, à toute fin d’en garantir la pérennité, pour que tout un chacun, institutionnel ou particulier, chercheur ou simple curieux puisse y avoir accès et s’en nourrir. En ce siècle de dématérialisation de tout, un peu de patrimoine sonnant et trébuchant ne peut pas faire de mal !

 

 

 

La collection du médailler de la Monnaie en quelques chiffres

 

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1 250 tiroirs

80 000 monnaies

dont 2 500 jetons
1 000 poids monétaires Français et étrangers

2 000 poids Akan

26 000 billets/Assignats

Quant aux médailles et au fonds exceptionnels d’outillages, de coins et de poinçons,
il se trouvent en lieu sûr au cœur de l’établissement monétaire à Pessac où il ne saurait être mieux gardé !

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Labellisée « Musée de France », le musée de la Monnaie de Paris se doit de procéder au récolement décennal. Les équipes du médailliers récolent actuellement les monnaies médiévales (7040 objets) et le fonds d’outillages de la famille Barre (environ 1000 poinçons et matrices).

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Sources : Dominique Antérion – MONNAIE DE PARIS – NUMISMAG©